Elections en Iran : les tensions restent vives après la victoire d'Ahmadinejad

Par latribune.fr  |   |  574  mots
Après les violences qui ont agité le pays samedi, les tensions politiques se sont encore accrues ce dimanche avec de nouveaux affrontements entre la police et les manifestants protestant contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. Selon les résultats officiels, le président sortant a été réélu avec 62,6%, contre 33,7% pour son principal rival, Mir Hossein Moussavi. Ce dernier a demandé l'annulation du scrutin.

La tension est toujours vive ce dimanche en Iran alors que le pays a été secoué samedi par de violentes émeutes comme n'en avait pas connu le pays depuis 1999. En cause : la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, le président sortant ultraconservateur, à l'élection présidentielle contestée par son adversaire Mir Hossein Moussavi.

Ce dernier a officiellement demandé au Conseil des gardiens l'annulation du scrutin. "Aujourd'hui, j'ai présenté officiellement au Conseil des gardiens une demande visant à faire annuler les résultats de l'élection présidentielle", a indiqué l'ancien Premier ministre sur son site internet. "J'invite les iraniens à poursuivre leurs manifestations à l'échelon nationale de manière pacifique et conforme à la loi".

De nouveaux affrontements se sont produits ce dimanche entre des manifestants pro-Moussavi et la police à Téhéran, après déjà de violentes émeutes qui ont secoué le pays samedi. La police a d'ailleurs annoncé avoir procédé à 170 arrestations dans le cadre de ces émeutes de samedi, dont au moins 70 "organisateurs".

Le réseau de téléphonie mobile, coupé samedi soir, a été rétabli ce dimanche. Mais le bureau de la chaîne satellitaire Al-Arabiya a été fermé pour une semaine.

Par ailleurs, dans la nuit de samedi à dimanche, une centaine de militants réformateurs iraniens ont été interpellés et ont ensuite été remis en liberté. Parmi les personnes appréhendées figurait Mohammed Reza Khatami, frère de l'ancien président Mohammed Khatami.

Dans une conférence de presse ce dimanche Mahmoud Ahmadinejad a assimilé ces personnes, ainsi que son rival Moussavi, a "des supporters de match de football dont l'équipe a perdu". "Ils sont en colère, sortent du stade, grillent un feu rouge et la police leur donne une amende", a dit le président, qui a assuré par ailleurs que "la liberté ici est proche de l'absolu".

Le président a été officiellement réélu dès le premier tour avec une majorité écrasante de 62,6%, contre 33,7% à Mir Hossein Moussavi. Pour Ahmadinejad, le taux de participation "supérieur à 84%" représentait un "camouflet" pour le "système oppresseur" qui dirige le monde, allusion aux puissances occidentales. Il a par ailleurs réaffirmé que la question du programme nucléaire iranien appartenait "au passé".

Du côté de la communauté internationale, l'Union européenne s'est dite "préoccupée" par les irrégularités présumées lors du scrutin mais espère une reprise du dialogue avec Téhéran sur son programme nucléaire. Le vice-président américain Joe Biden a, lui, émis de "vrais doutes" sur la victoire d'Ahmadinejad. "Vu la façon dont ils répriment la liberté d'expression, la façon dont ils répriment la foule, la manière dont les gens sont traités, il y a de vrais doutes" sur la légitimité de la réélection du président sortant, a-t-il jugé dans une interview à la chaîne de télévision NBC.

"Il y a énormément de questions concernant la manière dont cette élection a été menée", a-t-il ajouté. Toutefois, "nous n'avons pas assez de faits pour établir un jugement définitif" et "nous devons attendre de voir", a-t-il tempéré. Plus tôt, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, avait pour sa part exprimé l'espoir que le résultat de l'élection présidentielle reflète "la véritable volonté et le désir de la population".