OCDE : perspectives de reprise en 2010, la France et la zone euro à la traîne

Par latribune.fr  |   |  721  mots
Les perspectives économiques mondiales s'améliorent pour la première fois depuis deux ans mais la montée du chômage et l'explosion des déficits budgétaires risquent de faire dérailler la fragile reprise qui se dessine, estime l'OCDE dans son rapport semestriel. La zone euro et la France risquent en revanche d'être à la traîne.

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dans un rapport publié ce mercredi, constate que la récession touche à sa fin dans ses trente pays membres et prévoit une croissance de 0,7% l'an prochain pour l'ensemble après une contraction de 4,1% cette année, sans précédent depuis la Deuxième Guerre mondiale. Dans ses précédentes perspectives économiques, l'organisation basée à Paris anticipait une récession de 4,3% en 2009 suivie d'une contraction de 0,1% en 2010.

"C'est la première fois depuis 2007 que nous avons relevé la projection," a déclaré Jorgen Elmeskov, chef économiste de l'OCDE, cité par Reuters. "La mauvaise nouvelle, c'est qu'on s'approche seulement du fond et que la reprise qui suivra sera très progressive et probablement fragile."

Après un plongeon historique de 16% sur l'ensemble de l'année, le commerce mondial se reprendra graduellement à la fin 2009 pour progresser modestement de 2,1% en 2010, estime l'OCDE. L'organisation salue "l'effort extraordinaire" des autorités américaines qui ont, selon elle, ouvert la voie à un redémarrage au deuxième semestre 2009. De même, le Japon montre des signes positifs mais la reprise y sera lente et le sous-emploi des capacités risque d'y accentuer la déflation.

En revanche, la zone euro reste à la traîne, en raison des effets conjugués, selon les pays, de l'éclatement de la bulle immobilière, du recul des exportations et des dommages subis par le secteur financier. "Lorsqu'elle s'amorcera, la reprise pourrait aussi être lente, notamment dans la mesure où la montée du chômage n'incite guère les ménages à dépenser," observe l'OCDE. En Chine et dans d'autres grands pays non membres de l'OCDE, la reprise semble déjà s'amorcer et devrait être plus forte.

Au total, l'organisation voit l'économie américaine se contracter de 2,8% cette année avant un rebond de 0,9% l'an prochain, tandis qu'au Japon le PIB chuterait de 6,8% avant de se reprendre de 0,7%. Dans la zone euro, la récession serait de 4,8% cette année (-6,1% en Allemagne) avant une croissance zéro annoncée pour 2010, mais la France résisterait mieux avec une décroissance de 3% suivie d'une modeste reprise de 0,2%.

L'éditorial du rapport, intitulé "Le bout du tunnel ?", souligne que la répartition des risques qui entourent les prévisions est plus équilibrée qu'avant. "Les prévisions supposent que la situation restera à peu près inchangée sur les marchés financiers jusqu'à la fin de l'année, avant de se normaliser dans le courant de 2010, mais cette hypothèse pourrait se révéler excessivement prudente," explique le rapport.

"S'agissant des risques à la baisse, l'un serait qu'on n'ait pas des plans convaincants en matière d'assainissement budgétaire (...) L'autre est que la poussée du chômage pèse davantage sur les dépenses des ménages que ce que nous avons prévu," a déclaré aussi Jorgen Elmeskov.

Le taux de chômage dans la zone OCDE atteindrait 9,8% l'an prochain (10,1% aux Etats-Unis, 12% dans la zone euro) contre 8,5% en 2009 et 5,9% en 2007.

Pour ne pas entraver la reprise, il est important de ne pas relâcher les efforts de stimulation budgétaire trop tôt, note encore l'OCDE. Les pays caractérisés par un niveau d'endettement relativement faible - le rapport cite l'Allemagne, le Canada, certains pays nordiques et la Suisse - disposent encore de marge d'assouplissement discrétionnaire de leur politique budgétaire en 2010. En revanche, l'état des finances publiques de certains autres pays - le Japon, l'Italie, la Grèce, l'Irlande et l'Islande sont cités - "ne leur permet pas d'accroître le soutien apporté à l'activité, ni d'adopter des mesures de relance sans s'exposer à une forte réaction négative sur les marchés des capitaux."

Le rapport exhorte aussi les banques centrales à maintenir leurs taux directeurs à un niveau proche de zéro tout au long de 2009 et de 2010 dans les économies ayant déjà pleinement exploité le levier de la politique monétaire classique, et ajoute que la Banque centrale européenne (BCE) n'est pas encore à ce stade.

De même, les dispositions non conventionnelles appliquées, telles que les achats d'obligations d'Etat à long terme et de certains titres privés, "devraient être maintenues jusqu'à ce qu'une reprise soit engagée et que la situation des marchés financiers se normalise."