Revers pour les négociations sur le climat au G8

Le forum des économies majeures, qui se réunit en marge du sommet du G8, a refusé dans sa déclaration finale de s'engager sur un objectif chiffré de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Un mauvais signal pour le sommet de Copenhague, qui, en décembre prochain, devra définir un nouvel accord mondial sur la lutte contre le réchauffement climatique.

A l'occasion du sommet du G8 à L'Aquila en Italie, le Forum des économies majeures (MEF, seize pays) a affiché - dans son projet de déclaration finale - son objectif de limiter le réchauffement de la planète à 2°C maximum (par rapport à la température moyenne d'avant la révolution industrielle) d'ici à 2050.

Cela pourrait sembler une bonne nouvelle, mais ce n'est pas le cas, car les pays du MEF, à l'origine de 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), ont gommé tout objectif chiffré de réduction de leurs émissions. Ils ont notamment refusé de s'engager à diviser par deux ces émissions d'ici à 2050. Or cette limite des 2° Celcius implique de diviser "au moins par deux les émissions mondiales d'ici 2050 et plus sûrement par trois pour se donner de bonnes chances", estime le climatologue français Jean Jouzel.

Le MEF comprend le G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Russie), le G5 (Afrique du Sud, Brésil, Chine, Inde, Mexique), la Corée du Sud, l'Australie et l'Indonésie. Il doit poursuivre ses négociations le jeudi 9 juillet.

Toutefois, le départ précipité mardi du président chinois Hu Jintao en raison des émeutes dans la province du Xinjiang laisse peu de place à la mise en place de nouvelles conclusions, alors que la Chine est passée en 2008 au premier rang des pollueurs.

Dans une précédente version de sa déclaration finale, le MEF "soutenait l'objectif de réduire les émissions mondiales de 50% d'ici 2050" mais sans préciser l'année de référence par rapport à laquelle cette division devait s'opérer.

L'après-Kyoto

Les dirigeants du MEF étaient très attendus sur ce sujet du climat à six mois du sommet de Copenhague, dont la présidence suédoise de l'Union a fait l'une de ses priorités. Ce sommet, prévu en décembre prochain, doit définir un nouvel accord mondial contre le réchauffement climatique pour la période après 2012, date à laquelle les engagements pris lors du protocole de Kyoto prendront fin.

Le thermomètre mondial a déjà gagné près d'un degré en un siècle et depuis la signature du Protocole de Kyoto en 1997, les émissions de GES ont progressé trois fois plus vite que durant la décennie précédente.

Le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, expertise mondiale aujourd'hui reconnue comme la référence en la matière) a évalué qu'au-delà d'une augmentation de 2° celsius, la planète passerait le cap de l'irréversible.

Cela suppose que les pays industrialisés réduisent, d'ici à 2020, leurs émissions d'au moins 25% à 40% par rapport à 1990, objectif reconnu par la communauté internationale lors de la conférence de Bali en 2007.

L'Union européenne, sous le vocable de "paquet énergie climat", a adopté fin 2008 un dispositif qui prévoit une diminution de 20% des émissions de gaz à effet de serre en Europe d'ici à 2020.

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