Espionnage de salariés : les "Deutsche" sur la sellette

Deutsche Bahn, Deutsche Bank, Deutsche Telekom ou encore Lidl sont accusés d'avoir surveillé leurs salariés ces derniers mois. Des cas d'espionnage qui choquent l'Allemagne où la protection de la vie privée est considérée comme un sujet extrêmement sensible.

"Ces données n'auraient pas dû être relevées". Deutsche Bahn a fait son mea culpa ce mardi. La compagnie ferroviaire allemande reconnaît avoir surveillé les dossiers médicaux de ses employés de façon illégale.

"La direction de Deutsche Bahn a reçu des indices selon lesquels la division de sécurité du groupe a, au niveau régional, tenu des listes de données relatives aux maladies de salariés, et les a fait circuler dans l'entreprise", explique le communiqué. L'entreprise publique envisage de se séparer des salariés qui auraient tenu à jour ces listes.

Cette confession de la Deutsche Bahn intervient après le scandale d'espionnage qui avait secoué le pays en mars dernier. La société ferroviaire avait reconnu passer en revue les courriers électroniques de ses employés. Elle avait également consulté les données privées de près de trois quarts d'entre eux entre 2002 et 2005. Ces affaires avaient alors entraîné la démission d'Hartmut Mehdorn, son président.

Ce nouvel épisode relance la polémique sur les cas d'espionnage qui se multiplient Outre-Rhin au sein des grandes entreprises. En mai dernier, la presse allemande révélait une autre affaire au sein de la Deutsche Bank, première banque privée allemande. Suite aux accusations, cette dernière avait mené une enquête. Avant même d'en connaître les résultats, le directeur des services de sécurité, Rafael Sanchez, et le directeur des relations avec les investisseurs, Wolfram Schmitt avaient été licenciés. Tout deux portent plainte ce mardi. Les conclusions de l'enquête, publiées le 22 juillet dernier, montrent que quatre personnes avaient effectivement été espionnées. L'une d'entre elle, le virulent actionnaire Michael Bohndorf, a également décidé de porter l'affaire devant les tribunaux ce mardi.

En plus de la justice, la banque doit maintenant gerer la rumeur. Les responsables ont du monter au créneau pour infirmer une nouvelle, publiée par le Wall Street journal ce mardi, selon laquelle 20 cas d'espionnage auraient eu lieu et non quatre. Le journal tiendrait ses informations du détective qui avait alors été embauché par le département de sécurité de la banque.

En mai dernier également, c'est Deutsche Telekom qui choquait le pays. Les médias révélaient que l'entreprise avait espionné la vie privée, notamment sexuelle, de candidats à des postes de responsabilité. Une information que les responsables se refusent à confirmer. Un an plus tôt, cette même entreprise était accusée d'avoir comparé les données bancaires de journalistes et de membres de son conseil de surveillance dans le but de trouver l'origine de fuites d'informations internes. Cette fois-ci, Deutsche Telekom avait reconnu avoir eu recours au contrôle des communications, non pas pour faire des écoutes mais pour des recoupements d'information.

En avril, c'est la chaîne de magasins Lidl qui aurait filmé ses employés pendant la pause et à leur insu, avec des caméras miniatures. Elle aurait également récolté des données relatives à la santé de ses salariés entre 2008 et 2009.

Toujours en avril, Deutsche Airbus, la filiale allemande du grand avionneur européen, filiale d'EADS, avouait avoir en 2007 comparé les numéros de compte de ses salariés avec ceux de fournisseurs du groupe, dans le cadre d'une affaire de lutte contre la corruption.

Tous ces cas suscitent un vif débat en Allemagne.  D'autant plus que certaines agences chargés des contrôles auraient, selon la presse allemande, été dirigées par d'anciens agent de la RDA et de son fameux service d'espionnage, la Stasi, de sinistre mémoire. Ces épisodes ravivent de mauvais souvenirs qui expliqueraient pourquoi la protection des données personnelles est un sujet très sensible dans le pays.

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