Réforme de la santé : Barack Obama presse le Congrès d'agir

Par latribune.fr  |   |  672  mots
Le président américain a présenté son projet de réforme de la santé au Congrès dans la nuit de mercredi à jeudi. Face à des républicains sceptiques, il a rappelé l'état délabré du système de santé américain et l'urgence d'agir.

Dans un discours fleuve (45 minutes) et retransmis en direct à la télévision, Barack Obama, le Président des Etats-Unis, a présenté son projet de réforme au Congrès dans la nuit de mercredi à jeudi. Estimé à 900 milliards de dollars sur dix ans, il a pour but de fournir une couverture médicale à l'ensemble de la population. Actuellement, 16% des Américains n'ont aucune assurance santé.

La nouvelle loi imposerait aux Américains, sauf exception, d'avoir une couverture santé. Surtout, elle interdirait aux assureurs de refuser cette couverture à des personnes ayant déjà été malade, comme c'est souvent le cas aux Etats-Unis. Le Président américain a affirmé l'urgence et l'impératif "moral" d'agir, tout en décrivant un système de santé caractérisé par les abus des assureurs, plus chers et plus impitoyable pour les particuliers que dans aucune autre démocratie développée.

"Il est l'heure de tenir parole sur le système de santé, a déclaré Barack Obama. Parfois, le gouvernement doit entrer dans le jeu et tenir ses promesses". La réforme du système de santé américain a été un de ses thèmes de campagne, mais aujourd'hui, son projet est vivement attaqué par les conservateurs, qui l'accusent de vouloir "socialiser la médecine", et fait baisser sa popularité.

Il n'est cependant pas question de remettre en cause le principe d'assurance privée américain. "Rien dans ce plan ne requiert que vous ou votre employeur ne change de couverture ou de docteur" a-t-il assuré aux Américains. Il a également prôné la création d'une bourse de l'assurance sur laquelle citoyens et petites entreprises pourront choisir leur police.

Le projet pourrait également mettre en place une "option publique", une nouvelle assurance médicale publique qui couvrirait ce qui n'en ont aucune". Mais pour le locataire de la Maison Blanche, cette option aurait pour but de forcer les assureurs privés à proposer des polices plus abordables et ne devrait pas servir de prétexte à des "batailles idéologiques".

Opération séduction au congrès

"Je ne signerai pas un projet de loi qui ajoute le moindre cent à notre déficit. Les économies seront faites dans le système existant" a-t-il affirmé, citant les gâchis des programmes Medicare et Medicaid, destinés aux personnes âgées et aux plus pauvres.

Le président américain a rappelé que Ted Kennedy, décédé il y a peu et très respecté au Congrès, avait fait de la réforme du système de santé le "combat de sa vie". Alors que la veuve du sénateur et ses deux fils étaient présents dans l'assistance, il a révélé que le benjamin de la fratrie Kennedy avait laissé une lettre à lire après sa mort et appelant à ce que 2009 soit l'année de la réforme du système de santé aux Etats-Unis.

Ne ménageant pas sa peine pour séduire le camp républicain, hostile à toute intervention de l'Etat en général, il a repris à son compte une idée de son ancien opposant à l'élection présidentielle, le sénateur de l'Arizona John McCain. Ce projet vise à créer une couverture spéciale pour protéger financièrement les personnes atteintes de maladies pouvant nécessiter de nombreux soins. "C'était une bonne idée lorsque le sénateur McCain l'a proposé au cours de la campagne, c'est une bonne idée maintenant et nous devrions la reprendre", a-t-il estimé.

Cette opération séduction n'a cependant pas eu d'effet sur le représentant de Caroline du Sud Joe Wilson. Le républicain n'a pas hésité à traiter le Président de "menteur" lorsque Barack Obama tentait de démontrer que son projet était victime de désinformation auprès du public américain. Le sénateur s'est par la suite excusé pour son "manque de civilité", son intervention avait suscité la réprobation du clan démocrate, mais aussi de certains républicains.