C'est la bulgare Irina Bokova qui dirigera l'Unesco

Par latribune.fr  |   |  481  mots
Première femme à diriger l'Unesco, la diplomate Irina Bokova a battu sur le fil le ministre égyptien Farouk Hosni, soupçonné d'antisémitisme.

Le ministre égyptien de la Culture, Farouk Hosni, est mauvais perdant. Il a accusé ce mercredi l'Unesco (agence de l'ONU pour l'éducation et la culture) d'être devenue "politisée", au lendemain de l'échec de sa candidature controversée pour en devenir directeur général. Alors qu'il était donné favori ces dernières semaines, avec l'appui de Paris, il a dû s'incliner ce mardi soir, avec 27 voix, devant la diplomate bulgare Irina Bokova (31 suffrages) à l'issue d'un scrutin qui a connu de nombreux rebondissements.

Une fois confirmée le 15 octobre par la Conférence générale de l'organisation installée à Paris, Irina Bokova sera la première femme à diriger l'Unesco. Née en 1952 à Sofia, issue de la nomenklatura communiste, elle était jusqu'à mardi ambassadeur de Bulgarie en France et Délégué permanent de son pays auprès de l'Unesco. Elle était également vice-présidente du groupe francophone des ambassadeurs auprès de cette organisation, un poste qui l'a sans doute aidée à asseoir sa candidature et à préparer son élection.

Irina Bokova est aussi fondatrice du Forum de politique européenne, ONG (organisation non gouvernementale) bulgare visant à promouvoir les valeurs européennes au sein de la vie publique, qu'elle a présidée de 1997 à 2005. Diplomate de carrière, formée à l'Institut des relations internationales de Moscou et à l'University of Maryland (Etats-Unis), puis parlementaire, elle a été vice-ministre des Affaires étrangères (1995-97) et ministre des Affaires étrangères (1996-97). Candidate à la vice-présidence de la république en 1996, elle a pris position pour l'adhésion de son pays à l'OTAN et à l'Union européenne.

Pour son élection, Irina Bokova a bénéficié du rejet par certains milieux de la candidature Hosni. "Le candidat égyptien avait contre lui tous les journaux et les pressions sionistes", a d'ailleurs commenté amèrement Farouk Hosni ce mercredi. Il a également reproché à l'ambassadeur américain à l' Unesco de s'être "activé avec force et avec tous les moyens à sa disposition" contre lui. La candidature d'Hosni a été au centre d'une vive controverse après qu'il eut déclaré en 2008 qu'il "brûlerait lui-même" les livres israéliens qu'il trouverait en Egypte.

Sa candidature a été vivement combattue par la communauté juive. En France, elle a été dénoncée par tribunes de presse interposées par le prix Nobel de la paix Elie Wiesel, les intellectuels Claude Lanzmann et Bernard-Henri Lévy ou encore l'ancienne président du parlement européen, Simone Veil.

Ce scrutin aura mis en lumière l'incapacité de l'Union européenne à présenter un candidat unique pour ce poste prestigieux. Parmi les neufs candidats en lice, trois étaient européens : outre Irina Bokova, se présentaient une Lituanienne et l'autrichienne Benita Ferrero-Waldner. Et cette élection aura constitué un revers pour Paris qui avait promis initialement son soutien au candidat égyptien, au nom du partenariat euro-méditerranéen.