C'est "un changement complet de compréhension des choses", a affirmé Nicolas Sarkozy à l'issue du G20, où il avait défendu son idée d'encadrement des bonus des traders. Le président français a ainsi estimé que le sommet de Pittsburgh a permis de transcender les approches traditionnelles des Anglo-saxons et des Européens sur le sujet même s'il n'a pas obtenu tout ce qu'il était venu chercher. "Il n'y a plus d'un côté le monde anglo-saxon et l'Europe, il y a des dirigeants qui, dans le cadre de la mondialisation, sont confrontés au même phénomène de spéculation, de prise de risques et de rémunérations scandaleuses, qui veulent y mettre un terme," a-t-il dit lors de la conférence de presse de clôture de la manifestation.
Le président français a expliqué que "trois points fondamentaux" avaient été "actés". la France a été "entendue sur la question des bonus" avec notamment "l'interdiction des bonus garantis au-delà d'un an" ou encore "l'instauration d'un système de bonus-malus". La proposition, initiée par la France et l'Allemagne, rejointes par la Grande-Bretagne puis adoptées par l'Union européenne, visant à encadrer strictement les bonus des traders est la plus médiatique. "On ne s'est pas mis d'accord sur un pourcentage, on ne s'est pas mis d'accord sur un montant mais c'est la première fois que ce principe (d'une intervention des superviseurs) est validé", a dit Nicolas Sarkozy. Le G20 a seulement établi que les superviseurs nationaux, comme la Commission bancaire en France, pourront intervenir pour limiter l'enveloppe globale des bonus à un pourcentage des revenus d'un établissement si son montant était incompatible avec le maintien d'une base de capital solide.
Deuxième point, "les règles de Bâle 2 (qui réglementent les activités bancaires en fixant par exemple le niveau de leurs fonds propres en fonction des risques pris), seront appliquées partout", notamment "dans les principaux centres financiers, dès 2011". L'Europe a obtenu des Etats-Unis qu'ils adoptent à l'horizon 2011 le cadre réglementaire dit de Bâle II en matière prudentielle, ce qui permettra d'harmoniser dans un sens plus sûr la situation en capital des banques des deux côtés de l'Atlantique. Elle a accepté en échange d'y introduire la mesure du levier d'endettement, le bilan rapporté aux fonds propres, que défendait l'administration Obama.
Enfin, les pays du G20 sont également "d'accord pour exiger que les banques qui ont des activités risquées soit obligées d'augmenter leurs fonds propres". Ces activités risquées sont leurs activités de marché, ce qui devrait freiner leur développement en les rendant moins rentables.
Nicolas Sarkozy a obtenu gain de cause sur un autre sujet qui lui est cher, les sanctions contre les derniers paradis fiscaux, plusieurs pays ayant signé depuis le sommet du G20 de Londres en avril les douze conventions fiscales bilatérales nécessaires pour échapper à ce statut. Ces sanctions devraient entrer en vigueur en mars 2010 et le G20 souhaitent qu'elles visent à terme les pays coupables de pratiques de financement du terrorisme ou de blanchiment d'argent sale. Le président français a confirmé son intention de présenter une loi interdisant aux banques françaises d'avoir des filiales dans ces "juridictions non coopératives".