Mao reste présent dans l'enseignement chinois

À l'heure où la Chine fête ses 60 ans, les cours de politique sont obligatoires pour tous les étudiants : l'ombre du Grand Timonier plane toujours sur la Chine.

Les élèves sont affalés sur leur bureau. Même à travers la fenêtre, l'ennui semble suinter de cette leçon soporifique. "Quelle barbe ce cours de politique", s'exclame un des étudiants à la sortie de la salle. "Et dire qu'il va maintenant falloir écrire une dissertation sur les pensées de Mao Zedong..."

Trois décennies après l'ouverture de la Chine à l'économie de marché, les traditions du Parti communiste restent bien ancrées. Non seulement la Ligue des jeunesses communistes compte toujours 70 millions de jeunes inscrits, âgés de 14 à 28 ans, mais les élèves des collèges, lycées et universités, qu'il s'agisse de celle de Fudan (Shanghai) ou de Beida (Pekin), reçoivent des cours hebdomadaires de politique. Leurs professeurs leur enseignent d'un côté l'histoire du Parti communiste et ses grands théoriciens ? la pensée de Mao Zedong, la théorie de Deng Xiaoping et la théorie des trois représentativités de Jiang Zemin ?, de l'autre l'étude des textes de philosophie marxiste.

"Apprendre les pensées du président Mao ne représente pourtant plus rien pour nous", assure un étudiant de 22 ans. "Le pays et la société ont tellement évolué qu'elles ne collent plus du tout à la réalité. Ces manuels sont donc totalement dépassés." Une de ses camarades est également exaspérée par "l'hypocrisie qui règne autour de ses cours : personne n'y croit, pas même les professeurs. Nous sommes entrés depuis le début des années 1980 dans une économie capitaliste et nous devons encore nous fader des théories marxistes-léninistes..."

Pourtant, aussi bien à l'école qu'à l'université, il n'est pas question de sécher la classe car des examens viendront sanctionner les mauvais élèves à la fin de l'année. Si les professeurs ne réclament des plus jeunes qu'un apprentissage par c?ur ? un bourrage de crâne assurant un formatage très efficace ?, l'université demande parfois de l'analyse. La critique n'est d'ailleurs pas rejetée tant qu'elle demeure construite et ne remet pas en cause le Parti. "Mais critiquer Mao n'est pas un enjeu pour eux car il ne signifie plus grand-chose de concret", explique un élève européen qui a participé à ces cours.

"30 % d'erreurs"
Malgré les révélations sur la dictature de l'ancien président chinois, son image n'est en effet pas aussi ternie en Chine qu'en Occident. "Après sa mort, de longs débats ont fait rage pour savoir s'il fallait suivre l'exemple soviétique de la déstalinisation", explique un observateur étranger qui préfère rester anonyme en cette période tendue. "Ils ont été réglés par l'expression "70 % de choses positives, 30 % d'erreurs", qui a donc permis aux victimes des trente ans de maoïsme de laisser entendre leur colère sans pour autant opérer de démaoïsation. Il demeure donc dans l'esprit de beaucoup un grand leader et le héros national qui a unit la Chine." La file de plusieurs centaines de mètres qui s'étale quotidiennement sur la place Tiananmen devant le mausolée du Grand Timonier ne fait que confirmer ce statut préservé.

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