Un an après son vote historique, l'Amérique d'Obama s'impatiente

La popularité du président décline à mesure que le chômage s'aggrave. Son goût du consensus, loué au début de son mandat, frustre désormais ses partisans sans satisfaire ses adversaires.

"Le changement n'est jamais facile à obtenir. Nous devons nous battre pour y parvenir." La semaine dernière, à Miami, Barack Obama appelait ses partisans à la patience. "Nous n'en sommes qu'au début", a déclaré le président des États-Unis à l'approche du premier anniversaire de son élection. L'hôte de la Maison-Blanche, sur la défensive, a alors surpris les commentateurs politiques en dressant un premier bilan informel de sa jeune présidence : depuis sa prise de fonctions à la fin janvier, son plan de relance de 787 milliards de dollars a empêché l'économie américaine de s'effondrer, d'ambitieuses réformes de la santé et de la supervision financière ont été lancées, la sortie d'Irak a été engagée tandis que la stratégie en Afghanistan est en passe d'être révisée...

Mais alors que trois millions d'emplois ont été détruits aux États-Unis depuis février et que l'essentiel des réformes promises demeurent inachevées, les Américains sont manifestement fatigués d'attendre et de « se battre ». Selon Gallup, la cote d'approbation de Barack Obama s'est en moyenne inscrite à 53 % au troisième trimestre, soit 9 points de moins qu'au trimestre précédent. Le président est désormais engagé dans une course contre la montre. Si le marché de l'emploi ne se redresse pas, sa popularité risque de s'effondrer et les démocrates pourraient perdre leur majorité au Congrès, lors des élections de mi-mandat en novembre 2010.

D'après les pronostics de la Maison-Blanche, cette course sera difficile à gagner. Bien qu'il impute à sa politique interventionniste la croissance de 3,5% au troisième trimestre (en rythme annuel) - une première pour l'économie américaine depuis plus d'un an -, Barack Obama reconnaît qu'il existe "toujours un délai de plusieurs mois entre le moment où les entreprises recommencent à dégager des bénéfices et celui où elles embauchent". Ses conseillers estiment que le taux de chômage, inscrit à 9,8 % en octobre, dépassera les 10 % en 2010, où il devrait se maintenir pendant de longs mois.

Pour relancer l'emploi, la marge de manœuvre d'Obama sera étroite. Même s'il n'a été qu'à moitié dépensé, les critiques fusent sur le plan de relance qui a porté le déficit fédéral à 1.400 milliards de dollars pour l'exercice fiscal 2009, sans réduire le chômage. Les démocrates conservateurs s'opposent à l'adoption des nouvelles mesures que réclame l'aile gauche du parti, de plus en plus irritée par les compromis auxquels consent le président sur d'importants dossiers (réforme financière, couverture santé...) pour tenter de rallier des élus républicains et des entreprises opposés à ses réformes. La droite comme la gauche dénoncent son goût pour le consensus, qui frustre ses partisans sans convaincre ses adversaires, et est désormais perçu comme un manque de détermination. Le président rétorque que ses convictions et son caractère combatif ne l'ont pas abandonné. "Ce n'est pas parce que je suis maigre que je ne suis pas coriace", a-t-il prévenu lors de son passage à Miami.

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