La Fed répond aux critiques

Le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, a défendu sa politique monétaire dimanche. Le renouvellement de son mandat rencontre une rare hostilité et doit encore être avalisé par le Congrès.
(Crédits : <small>Reuters</small>)

Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Ben Bernanke, n'aura pas mission facile. En effet, non seulement il doit gérer une des plus importantes récessions qu'aient connues les Etats-Unis, mais il doit également faire face à une très forte pression du pouvoir politique. Critiqué pour n'avoir pas vu venir la crise, le renouvellement de son mandat, annoncé par Barack Obama, doit encore être avalisé par le Congrès, et rencontre une opposition rarement vue dans ce type de procédure.

Remise en question historique de la politique de la Fed

Même si sa réélection à la tête de la Fed semble assurée, Ben Bernanke subit de très vives critiques concernant son bilan à la tête de la Fed lors des quatre dernières années.

En effet, nombre d'économistes estiment que c'est la politique de bas taux d'intérêt pratiquée suite à la crise de 2001 par son prédécesseur, Alan Greenspan et reprise par lui, qui a engendré la bulle immobilière avec ses excès en terme de prêts hypothécaires inconsidérés, et la crise qui en a découlé. Les critiques portent également sur le fait que le rôle d'une Banque centrale était justement de constater ces excès, d'alerter les pouvoirs publics sur ses dangers afin de prendre des mesures rapides. Ce qui n'a pas été fait.

Les Sénateurs lui ont également demandé des comptes concernant sa politique de rachats de créances hypothécaires qui représentent 850 milliards de dollars de MBS (mortgage backed securities, titres adossés aux créances hypothécaires). Ces titres sont désormais inscrits à son bilan et garantis en dernier ressort par l'argent des contribuables américains.

Certains des membres du Sénat réclament avec insistance la limitation des activités de la Fed, le strict encadrement de la gestion de la planche à billets. Les Sénateurs réclament en outre plus de transparence dans la gestion de la politique monétaire, ainsi qu'une loi redéfinissant les missions de la Fed. Outre la stabilité des prix, ils souhaitent que la Réserve fédérale puisse également garantir la stabilité des marchés financiers ainsi la protection des consommateurs.

La Fed contre-attaque

C'est dans ce contexte que Ben Bernanke multiplie les rencontres avec les Sénateurs, mais également avec des économistes du secteur privé, des chefs d'entreprises, des gérants de fonds, les banquiers centraux et dirigeants étrangers afin de défendre son bilan.

S'exprimant devant une association d'économistes dimanche, il est passé à l'offensive en estimant que la politique de bas niveau des taux d'intérêt pratiquée par la Fed n'était en rien responsable de la crise actuelle. Il a en outre estimé qu'une politique de régulation financière aurait été le meilleur rempart contre les prêts hypothécaires exotiques et la confiance aveugle dans la hausse des prix de l'immobilier, responsables de la crise financière actuelle.

Ben Bernanke a cependant reconnu que les efforts de la Fed et des autres régulateurs, qui ont débuté en 2005, étaient intervenus trop tard et étaient insuffisants pour juguler la bulle immobilière. Il a cependant insisté sur le fait qu'il ne fallait pas pour autant exclure le recours à la politique monétaire pour prévenir l'accumulation de risques de surchauffe.

Cette déclaration intervient dans un contexte où les sénateurs américains souhaitent ôter à la Fed son pouvoir de contrôle sur les banques pour se concentrer uniquement sur la politique monétaire.

La reprise sera lente

Donald Kohn, vice-président de la Fed, a pour sa part estimé dimanche que le rythme de la reprise aux Etats-Unis serait lent, l'économie américaine se relevant à peine de la pire crise qu'ait connue le pays dans son histoire après guerre.

Dans sa réunion des 15 et 16 décembre, la Fed avait une nouvelle fois décidé de laisser inchangé son objectif sur le taux des Fed funds à 0,25%, indiquant par ailleurs qu'il pourrait rester à un niveau exceptionnellement bas pendant une "période prolongée". En effet, si l'amélioration en cours, en particulier sur le marché du travail, est signalée dans le communiqué publié à l'issue de la réunion du comité de décision de la Fed, il est également souligné que l'inflation devrait rester faible pour un moment.

La Fed a par ailleurs confirmé la fin de la plupart des programmes spéciaux de fourniture de liquidités au 1er février 2010 et l'arrêt probable des achats d'actifs adossés à des prêts hypothécaires (1.250 milliards de dollars) et de dette d'agences (175 milliards de dollars) vers la fin du premier trimestre 2010.

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