ANALYSE Un triple défi pour la Banque centrale européenne

C'est face à un triple défi que la Banque centrale européenne réunira jeudi 14 janvier son premier conseil de l'année, conseil où elle devrait maintenir inchanté à 1% son taux directeur.

Le premier défi, bien sûr, concerne la sortie de la politique de crise mise en place pour sauver le système de l'asphyxie économique et financière. Jean-Claude Trichet avait déjà annoncé le mois dernier le calendrier de retrait des mesures les plus spectaculaires mises en ?uvre.

Ayant procédé à sa troisième et dernière opération de refinancement à 1 an en décembre, elle doit mettre un terme aux adjudications à 3 et 6 mois à la fin du premier trimestre. S'agissant de ses taux directeurs, l'heure de la normalisation semble loin d'avoir sonné. Elle ne doit pas donner d'indications sur l'échéancier d'une inévitable remontée dès lors que la reprise se sera enracinée. Les "sages" de Francfort se garderont du double risque de donner une nouvelle impulsion à l'euro, qui n'en demande pas tant (lire encadré), et de déstabiliser le marché obligataire, déjà secoué à l'échelle de la zone euro par les menaces que font peser les dérives des finances publiques de ses mauvais élèves.

Notation dégradée pour plusieurs Etats

Car c'est de là que vient le second défi. Ce n'est pas un hasard si l'agence d'évaluation financière Moody's a choisi la veille de la réunion de la BCE pour lancer un nouveau pavé dans la mare, prévenant que 2010 serait difficile pour les notes souveraines des Etats européens. "Les notations de la région seront surveillées encore plus près cette année, alors que plusieurs Etats européens ont déjà subi des dégradations impressionnantes de leur note de crédit", a-t-elle lancé en guise d'avertissement sans frais.

Comme si la BCE n'avait pas assez de soucis avec le casse-tête de la Grèce, à laquelle la Commission de Bruxelles a intimé mercredi l'ordre de remettre de l'ordre dans ses statistiques d'endettement d'ici à février. Le rendement des emprunts d'Etat helléniques à dix ans a continué à se dégrader hier, se tendant de 11 points de base supplémentaires, à 5,78%, creusant à 245 points de base l'écart avec les bunds allemands de même échéance.

Dernier défi et non des moindres : à mesure que se rapprochera le moment de durcir les conditions de crédit, les gouvernements de la zone euro ne manqueront pas de sonner l'hallali. Jean-Claude Trichet et ses pairs des autres grandes banques centrales doivent se préparer à jouer une partie extrêmement serrée avec les gouvernements qui, endettés jusqu'au cou, risquent de mettre leur sacro-sainte indépendance dans la balance.

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