Retour de la droite au pouvoir au Chili

Par latribune.fr  |   |  453  mots
Les Chiliens ont préféré Sebastian Pinera, déjà favori dans les sondages, à Eduardo Frei pour succéder à Michelle Bachelet à la tête du pays. Une victoire qui signe le retour de la droite au pouvoir pour la première fois depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet en 1990.

Le Chili désignait ce dimanche un successeur à la présidente Michelle Bachelet, lors d'un second tour d'élection serré, a choisi un homme d'affaires de 60 ans, Sebastian Pinera, déjà léger favori dans les sondages. Son élection signe le retour de la droite au pouvoir pour la première fois depuis l'instauration de la démocratie il y a 20 ans, après la dictature d'Augusto Pinochet qui se termina en 1990. La droite n'a pas accédé au pouvoir par les urnes depuis 1958.

Battu en 2005 au deuxième tour par la socialiste Bachelet, Sebastian Pinera a emporté 51% des scrutins, battant ainsi le candidat de la coalition de centre-gauche au pouvoir, Eduardo Frei, 67 ans, qui fut déjà chef de l'Etat, de 1994 à 2000.

"Economie sociale de marché"

Pinera, comme Frei, défendent le modèle d'"économie sociale de marché", qui a valu au Chili une croissance régulière sur la décennie 2000, de l'ordre de 4-5% avant la crise. Et qui lui permet de viser un rebond de 4,5% en 2010, adossée au cuivre, dont il est 1er producteur mondial. Faute de stridentes différences de fond, les deux candidats ont joué sur l'image, et les perceptions. Pinera avait dépeint une "concertation" (la coalition au pouvoir) "usée" par 20 ans au pouvoir, incapable de se renouveler. Frei avait pour sa part stigmatisé l'ombre de la droite dure, celle qui appuya la dictature et qui soutient aujourd'hui Pinera, pourtant démocrate incontesté, qui vota contre Pinochet au référendum de 1988.

"Berlusconi chilien"

Le régime militaire "est déjà de l'histoire", a répondu Pinera, pour qui avoir travaillé avec la dictature n'est pas "en soi un péché". Il n'exclut pas en son futur gouvernement d'ex-conseillers économiques du régime militaire. Pinera est aussi l'un des hommes les plus riches du Chili, économiste de formation, qui fit fortune dans la monétique dans les années 80, et est à présent l'un des principaux actionnaires de la compagnie aérienne LAN, propriétaire d'une télévision privée et d'un club de football, entre autres, ce qui lui vaut d'être considéré par une partie de la gauche comme un "pirana" capitaliste, un "Berlusconi chilien".

Troisième homme

Mais les deux candidats sont aussi tous deux issues de grandes familles démocrate-chrétiennes, un père ambassadeur et un frère ex-ministre pour Pinera, un père président (Eduardo Frei Montalva de 1964-70) pour Frei. C'est cet establishment politique que le jeune candidat indépendant, troisième au premier tour avec 20% des voix, Marco Enriquez-Ominami, a tenté de bousculer. Ce dissident socialiste s'est rallié à Frei, à titre personnel. Mais ses électeurs, moins prévisibles, ne l'ont apparemment pas totalement suivi.