La Banque mondiale suspend le remboursement de la dette d'Haïti

La Banque mondiale a décidé de suspendre le remboursement de la dette d'Haïti pour les cinq prochaines années. Le tremblement de terre a fait «au moins 500.000» sans-abri rien que dans la capitale Port-au-Prince où ils occupent quelque 447 camps de fortune, un million dans tout le pays. Neuf jours après le séisme, le bilan provisoire de la catastrophe s'établissait à 75.000 morts et 250.000 blessés.

La Banque mondiale (BM) a annoncé jeudi qu'elle dispensait Haïti du remboursement de sa dette pour les cinq prochaines années et le Fonds monétaire international (FMI) a fait savoir que le prêt qu'il propose serait sans intérêt jusqu'à fin 2011 pour aider le pays à se reconstruire après le tremblement de terre.

"Nous nous employons à trouver un moyen d'annuler le restant de la dette", dit un communiqué de la BM. La dette d'Haïti envers la BM s'élève actuellement à environ 38 millions de dollars. De son côté, Caroline Atkinson, porte-parole du FMI, a déclaré lors d'un point de presse que le prêt de 100 millions de dollars à Haïti proposé par le FMI serait soumis le 27 janvier à son Conseil des gouverneurs. Le prêt sans intérêt à Haïti fait partie d'une initiative annoncée l'an dernier par le FMI en pleine crise financière, consistant à geler les paiements d'intérêt sur les prêts à tous les pays les plus pauvres jusqu'à fin 2011. Après cela, les versements d'intérêts reprendront au taux bonifié de 0,5%, ou moins.
Atkinson a déclaré qu'en raison des destructions dues au tremblement de terre, les donateurs souhaiteraient peut-être envisager une nouvelle annulation de dette pour Haïti.

Le FMI et la BM ont annulé l'an dernier 1,2 milliard de dollars de dette d'Haïti, récompensant ses efforts de stabilisation de son économie. Robert Zoellick, président de la BM, a déclaré mardi à Reuters que pour reconstruire Haïti, l'aide devait se faire sous forme de subventions et non de prêts. Il a ajouté que les donateurs devaient s'engager à long terme pour Haïti pour que le pays ait une chance de se reconstruire dans de bonnes conditions après le séisme dévastateur qui a fait des dizaines de milliers de morts. La BM a annoncé la semaine dernière qu'elle verserait une subvention de 100 millions de dollars à Haïti pour la reconstruction et qu'elle dépêcherait une équipe pour évaluer les dégâts. Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI a prôné mercredi un plan Marshall pour Haïti.

Cette annonce survient alors que le chaos continue de régner dans le pays. Le tremblement de terre a fait «au moins 500.000» sans-abri rien que dans la capitale Port-au-Prince où ils occupent quelque 447 camps de fortune selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), et un million dans l'ensemble du pays. Les autorités Haïtiennes ont lancé jeudi une vaste opération de relogement des sans-abri, tandis qu'une nouvelle réplique sismique de magnitude 4,8 (contre 7 pour le tremblement de terre initial) obligeait le gouvernement à interrompre une réunion. Des "villages" pouvant accueillir chacun 10.000 individus vont être mis en place en dehors de la capitale.

"Nous sommes en train de reprendre le contrôle" de la situation, a déclaré à quelques journalistes le président haïtien, René Préval. "Les pompes à essence ont recommencé à être approvisionnées et les banques rouvrent aujourd'hui", a ajouté M. Préval, selon qui "l'aide s'organise et va continuer à s'améliorer".

Neuf jours après le séisme, le bilan provisoire de la catastrophe s'établissait à 75.000 morts et 250.000 blessés. L'ONU estime que 3 millions de personnes nécessitent une aide humanitaire. Les forces américaines, qui, après l'arrivée, prévue samedi, de 4.000 renforts, atteindront 15.000 hommes, travaillent à la réouverture du port de Port-au-Prince, cruciale pour désengorger l'aéroport de la capitale, sur lequel afflue jusqu'à présent l'essentiel de l'aide internationale. Selon les dernières données de l'ONU, les secouristes sont parvenus depuis le 12 janvier à extraire 121 personnes des décombres, ce qui constitue "un record" par rapport aux autres grands séismes qui ont frappé la planète.

Pour les survivants, les conditions d'hygiène restent abominables. Les sinistrés manquent de tout, et ceux qui ont réussi à amasser de l'eau, des vivres ou de l'essence les revendent à prix d'or, provoquant une flambée des prix. Le prix d'une petite bouteille d'eau a triplé. Pillages et tirs sporadiques se poursuivent, mais le centre de Port-au-Prince retrouve peu à peu un aspect normal. Près de la place du Champ-de-Mars, des vendeurs à la sauvette sont réapparus, avec des noix de coco dans une brouette, des casques audio neufs et même des médicaments.

Commentaires 3
à écrit le 22/01/2010 à 8:01
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Face à des évènements aussi dramatiques que traverse Haïti, pourquoi ne pas annuler définitivement la dette de ce pays, pour repartir sur des bases plus saines.

à écrit le 22/01/2010 à 7:59
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Peut-être serait-il envisageable pour Haïti qui traverse cette épreuve douloureuse et catastrophique que la B.M. annule la dette en cours.

à écrit le 22/01/2010 à 7:54
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Il me semble que dans l'épreuve dramatique que subit Haïti, ce n'est pas une suspension de sa dette qui est souhaitable mais carrement une annulation pure et simple (ou alors peut-être juste le paiement des intérêts à taux réduit)

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