L'euro passe sous 1,36 dollar

Par latribune.fr  |   |  534  mots
La monnaie unique européenne continue de tomber ce vendredi, passant sous 1,36 dollar pour 1 euro. Les inquiétudes sur la dérive des déficits publics de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne, ainsi que le discours de Jean-Claude Trichet écartant tout risque inflationniste pèsent sur l'euro.

L'euro poursuit sa baisse face au dollar ce vendredi, tombant à son plus bas niveau depuis mai 2009. Il est descendu sous 1,36 dollar dans l'après-midi. Depuis son plafond récent du 25 novembre dernier, l'euro affiche une décote de plus de 10%.

Qui va durcir sa politique monétaire la première, la Réserve fédérale américaine (Fed) ou la Banque centrale européenne (BCE) ? Quelle est l'économie qui va redémarrer le plus vite et le plus fort : les Etats-Unis ou la zone euro ? Telles sont les principales questions que se posent les cambistes, et qui déterminent l'évolution de la parité entre l'euro et le dollar.

Les investisseurs s'inquiètent toujours des risques liés à l'explosion des déficits budgétaires dans certains pays membres de la zone euro, comme en témoigne l'écartement violent des "spreads" de taux sur les obligations publiques. La Grèce est plus particulièrement visée puisque le pays cumule les handicaps avec un niveau initial d'endettement élevé, une situation budgétaire très dégradée et des enjeux démographiques importants.

Des signes de contagion commencent à poindre, avec en ligne de mire le Portugal qui a présenté un plan de redressement de ses finances jugé peu ambitieux, mais également l'Espagne. Ce qui est en cause c'est la capacité des peuples européens à accepter des mesures de restrictions budgétaires, avec en ligne de mire le risque de conflits sociaux. L'ensemble a provoqué un mouvement de fuite vers la qualité qui a profité au dollar. Jeudi, les Bourses de Madrid et Lisbonne ont chuté d'environ 5%.

Le discours de Jean-Claude Trichet jeudi suite à la décision de maintenir ses taux inchangés a également pesé sur l'euro : "nous sommes inflexibles sur le pacte de stabilité et de croissance. Le système est contraignant, et c'est normal. Tous les pays doivent respecter les règles, sans exception". En effet, lui dans le passé si vigilant sur les risques inflationnistes, semble aujourd'hui les écarter très facilement, indiquant ainsi qu'il compte garder les taux directeurs inchangés encore pendant au moins quelques mois, peut-être jusqu'à la fin de l'année.

Dans le même temps, à la dernière réunion de la Fed, un des membres du Comité n'avait pas voté pour le statu quo, s'inquiétant que le maintien des taux à un niveau très bas pendant une période prolongée ne créée les conditions d'une prochaine bulle.

Mais la baisse de l'euro n'est pas une mauvaise nouvelle pour tout le monde. En effet, elle avait paradoxalement longtemps été souhaitée par les gouvernements et les autorités monétaires européennes pour encourager la compétitivité des exportations, espérant qu'elle reflète plus les bonnes perspectives de l'économie américaine que les mauvaises de l'économie européenne. En effet, Nicolas Sarkozy avait plaidé auprès d'Obama pour un dollar fort.

Le président de la BCE avait lui aussi, à de nombreuses reprises, soutenu l'engagement des Etats-Unis en faveur d'un dollar fort. Il l'a répété jeudi lors de sa conférence de presse, favorisant ainsi une nouvelle dérive de la monnaie européenne.