L'économie chilienne panse ses plaies après le séisme

Au Chili, un nouveau bilan - provisoire - fait état de 723 morts, mais de nombreuses personnes sont portées disparues, tandis que les pillages continuent. L'économie chilienne devrait néanmoins supporter le choc.

Trois jours après le séisme et les tsunamis qui ont suivi, le Chili cherche à panser ses plaies. La présidente sortante Michelle Bachelet a qualifié la situation de "catastrophe colossale". Le coût des dégâts causés par le séisme pourrait atteindre 30 milliards de dollars, soit 15% du produit intérieur brut (PIB) du pays, selon Eqecat, une société d'évaluation des risques.

Le tremblement de terre, un des plus puissants observés depuis un siècle, a détruit ou endommagé 1,5 million de maisons, des routes et des ponts routiers, portant un rude coup aux infrastructures du pays, premier producteur mondial de cuivre. Les cours mondiaux du cuivre ont progressé de plus de 5% pour atteindre leur plus haut niveau depuis cinq semaines, en raison d'inquiétudes concernant d'éventuelles interruptions de la production. Mais ils sont en partie retombés par la suite. Les grandes mines et les principaux ports du pays ont repris progressivement leurs activités dimanche malgré un approvisionnement réduit en électricité. Deux raffineries de pétrole restaient fermées.

Cette situation chaotique constituera un premier défi à relever pour le président élu Sebastian Pinera, qui doit prendre ses fonctions dans deux semaines. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a prévu de rencontrer Sebastian Pinera et Michelle Bachelet ce mardi à Santiago lors d'une visite éclair.

Les experts semblent en tout cas confiants sur la capacité du pays à rebondir après cette catastrophe. Depuis les années 1970 et le régime autoritaire du général Augusto Pinochet (1973-90), le gouvernement a cultivé une politique économique ultra-libérale qui a mis le pays à l'abri de certains maux dont ont souffert des pays voisins à la vie politique moins stable: hyper-inflation, défaillances sur la dette et crises bancaires.

Aujourd'hui, le Chili semble bien parti pour devenir le premier pays latino-américain à intégrer l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), club des grandes économies développées.

Les économistes s'attendent à ce que Sebastian Pinera puise dans les 11,3 milliards de dollars du Fonds de stabilisation économique et sociale pour financer une partie au moins de la reconstruction. "L'endettement public est très faible, à environ 6% du PIB, ce qui donne aussi au prochain gouvernement une certaine latitude pour aller chercher des financements à l'extérieur si nécessaire", souligne le cabinet d'analyse économique IHS Global Insight. Et l'injection de fonds publics pour reconstruire devrait être en soi un élément positif.

Par ailleurs, des pilleurs ont à nouveau mis à sac des magasins lundi dans la ville dévastée de Concepcion, où les forces armées tentent de restaurer l'ordre. La deuxième plus grande ville du Chili avait des airs de champ de bataille par endroits, les pillages et vols s'étendant dans l'agglomération. Des véhicules blindés de l'armée ont patrouillé dans les rues quelques heures après qu'un supermarché eut été dévalisé. Le magasin a ensuite pris feu. Les pilleurs ont aussi attaqué une caserne de pompiers pour y trouver de l'eau et de l'essence, les biens de première nécessité manquant toujours après la catastrophe.

La présidente Michelle Bachelet a condamné "le pillage et la criminalité". Elle a déployé 7.000 soldats et imposé un couvre-feu dans la région de Maule, la plus touchée, en attendant l'arrivée de l'aide médicale et alimentaire d'urgence.

Alors qu'un nouveau bilan - provisoire - fait état de 723 morts, de nombreuses personnes sont toujours portées disparues dans des localités du centre du pays, région la plus durement touchée, qui est toujours en grande partie isolée avec des routes impraticables et des lignes téléphoniques coupées. Des coupures de courant ralentissent les opérations de secours.

Commentaire 1
à écrit le 23/03/2010 à 8:48
Signaler
Le Mexique était le premier pays latino-américain à accéder à l'OCDE en 1994.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.