Big Bang scientifique après une collision réussie de protons

Par Source Reuters  |   |  572  mots
L'expérience unique réalisée mardi dans le plus grand accélérateur de particules au monde, le Grand collisionneur de hadrons (LHC) du Cern, doit permettre de mieux comprendre l'origine de la vie dans l'univers.

Un succès d'envergure dans les recherches sur la création de l'univers a été obtenu mardi avec la première collision de protons à haute énergie dans le Grand Collisionneur de hadrons (LHC). L'expérience réalisée dans le plus grand accélérateur de particules au monde est unique à ce jour. Elle a été saluée par les applaudissements des 80 scientifiques présents dans la salle de contrôle du Centre européen de recherche nucléaire (Cern), installé à la frontière franco-suisse, aux portes de Genève. "Cela montre simplement ce que nous pouvons faire en faisant progresser la connaissance sur nos origines, sur la façon dont l'univers a évolué", a déclaré le directeur général du Cern, Rolf Heuer.

Les collisions de protons, stade le plus avancé jusqu'à présent des recherches menées dans le cadre de ce projet de 10 milliards de francs suisses (7 milliards d'euros), se poursuivront pendant plusieurs années. Il s'agit d'un pas important pour la physique et peut-être d'un pas de géant pour l'humanité, a souligné Heuer, de Tokyo.

Le LHC a produit une collision de protons à 7 téraélectron-volts (TeV) - ou 7.000 milliards d'électrons-volts -, une puissance trois fois et demie supérieure à celle obtenue jusqu'ici dans ce type d'expérience. Les données recueillies lors de ces collisions seront étudiées dans les années à venir par des milliers de chercheurs mis en relation par un réseau informatique appelé Grid. Elles doivent leur permettre de faire avancer les travaux sur la nature de la matière et les origines des étoiles et des planètes.

UN PAS DANS L'INCONNU

"C'est un pas dans l'inconnu. Nous faisons quelque chose que personne n'a jamais fait auparavant. On espère trouver des choses vraiment nouvelles", a expliqué le directeur de recherche du Cern, Sergio Bertolucci. "Il y a des inconnues célèbres là haut, comme la matière noire ou de nouvelles dimensions sur lesquelles nous espérons apprendre. Mais il est possible que nous trouvions des inconnues inconnues, qui pourraient être extrêmement importantes pour l'humanité. Avec le LHC, nous avons l'outil dont nous avions besoin."

Le LHC se compose d'un tunnel de 27 km enfoui à une centaine de mètres sous terre, dans lequel circulent à très grande vitesse les particules. Mardi, la collision s'est produite à une nanoseconde en deçà de la vitesse de la lumière. Avec cet appareil sans égal dans le monde, les scientifiques espèrent lever le voile sur certains des grands mystères du cosmos: comment la matière s'est transformée en masse après le Big Bang originel, ou quelle est cette matière "noire" qui constituerait environ 25% de l'univers.

Olivier Buchmüller, un des chercheurs les plus importants du projet, estime que des éléments de compréhension de la matière noire seront trouvés d'ici la fin de l'année. "Dans le courant de 2010 et 2011 (...) nous nous attendons à faire de réelles découvertes", a-t-il dit. Le boson de Higgs, élément clé de ce projet de recherche, ne pourrait en revanche être identifié qu'après 2013, lorsque la puissance de collision aura atteint 14 TeV. S'il existe. Car cette particule qui porte le nom du chercheur écossais qui en a évoqué l'existence en 1964 n'est pour l'heure qu'un concept: elle passe pour avoir rendu possible l'émergence d'étoiles, de planètes, et finalement de la vie.