Crise grecque : Lagarde et Merkel veulent du neuf sur le Pacte de stabilité et les agences de notation

Tant Christine Lagarde qu'Angela Merkel ou le ministre néerlandais des Finances ont estimé que le fonctionnement des agences de notation ou du pacte de stabilité européen laissait à désirer en temps de crise. Et ils réclament des évolutions...

La crise grecque aura au moins permis une réflexion sur le fonctionnement de certains dispositifs économiques au sein de la zone euro, le pacte de stabilité d'une part, les agences de notation de l'autre.

La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, estime ainsi qu'il faut réfléchir à une réforme du Pacte de stabilité européen en y incluant "l'examen de la compétitivité et de la stabilité financière", dans une interview publiée ce lundi par le journal Le Monde. "Oui, il faut impérativement inclure dans notre radar l'examen de la compétitivité et de la stabilité financière", affirme la ministre, en réponse à une question sur la nécessité de modifier le Pacte de stabilité.

"La crise grecque a été une épreuve pour l'Europe, c'est vrai", avoue Christine Lagarde, alors que les pays européens ont reconnu avoir été trop lents pour mettre sur pied leur plan d'aide à la Grèce, activé dimanche. "Cela va nous conduire à réfléchir avec l'ensemble de nos partenaires, et notamment avec nos amis allemands, sur le gouvernement économique, la convergence économique et la réduction des écarts économiques", poursuit Christine Lagarde. "L'Allemagne et la France sont parfaitement d'accord pour tirer ensembles les conséquences de la crise, notamment sur la régulation et la gouvernance économique de la zone euro", affirme la ministre, alors que Berlin a longtemps renâclé à aider la Grèce.

"Nous n'avons pas fait suffisamment attention aux écarts de compétitivité qui se creusaient entre l'Allemagne d'un côté, la Grèce, le Portugal et l'Irlande de l'autre", explique encore Christine Lagarde , qui avait créé des remous mi-mars en critiquant l'excédent commercial allemand, défavorable à ses yeux à ses voisins européens. "Il va falloir aussi agir de manière plus efficace en cas de dérive de la dette, des déficits ou de la compétitivité", ajoute-t-elle. Elle suggère d'"instaurer des mécanismes de prévention et d'alerte qui permettent de détecter plus tôt le fait qu'un pays risque de commencer à sortir (des clous) soit en termes de dette, soit en termes de déficit, soit en termes de compétitivité".

De son côté, le ministre néerlandais des Finances estime qu'il faut "de nouveaux accords, beaucoup plus stricts" autour du Pacte de stabilité européen. "Il est important de tirer les leçons de cette situation et de revoir les règles européennes du Pacte de Stabilité et de Croissance", a déclaré Jan Kees de Jager dans un communiqué publié sur son site Internet après la réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles, dimanche soir.

"Je suis pour qu'il y ait de nouveaux accords, beaucoup plus stricts" afin de maintenir le Pacte, qui vise à coordonner les politiques budgétaires des pays de l'UE et d'éviter des déficits nationaux excessifs, a-t-il ajouté. Les Pays-Ba s devraient participer à hauteur de 4,8 milliards d'euros de prêts étalés sur trois ans au programme financier approuvé dimanche et qui met 110 milliards d'euros à disposition de la Grèce.

Quant aux agences de notation, Christine Lagarde a aussi critiqué lundi les conditions "déplorables" dans lesquelles ont été annoncées ces derniers jours des dégradations de notes souveraines, qui ont selon elle favorisé un mouvement de panique sur les marchés. La ministre a ainsi estimé que l'agence de notation S&P avait agi en "pousse-au-crime", et annoncé que ces agences seraient mieux contrôlées à l'avenir.

"Il y a un certain nombre de règles qui vont devoir être fixées, qui vont devoir être rappelées, parce qu'on ne dégrade pas un pays dans les conditions où sa notation a été dégradée, c'est-à-dire 15 minutes avant la clôture, pour précipiter des achats ou des ventes dans des conditions hâtives, déplorables pour la solidité des marchés", a-t-elle déclaré sur Europe 1.

"Lorsque Standard and Poor's notifie la dégradation d'un Etat quinze minutes avant la fermeture des marchés, c'est du pousse-au-crime", déclare encore Christine Lagarde dans un entretien au Monde publié lundi. "C'est la garantie que tous ceux qui ont des titres vont s'en délester, sans avoir le temps de réfléchir, pour ne pas se faire rattraper par la clôture".

Christine Lagarde précise qu'elle profitera de l'entrée en vigueur le 7 juin de la directive européenne sur les agences de notation "pour demander à l'Autorité des marchés financiers d'assurer leur surveillance, examiner les conditions dans lesquelles elles fonctionnent, exiger qu'elles notifient et fassent valider leur modèle". Les agences devront aussi démontrer "la manière dont elles respectent les règles de conflit d'intérêt, de séparation d'activités, la façon dont elles distinguent entre les cotations des risques privés, des risques publics", poursuit la ministre.

Des déclarations qui trouvent un écho outre-Rhin. Angela Merkel a déclaré ce lundi qu'une agence de notation européenne "pourrait être utile", et réaffirmé son intention de s'engager pour une modification éventuelle des traités européens, pour imposer plus de discipline financière à la zone euro. Le soutien à la Grèce "signifie que nous contribuons à la stabilité de l'euro et que nous aidons les gens en Allemagne, car la stabilité de la monnaie est une valeur extrêmement importante", a déclaré la chancelière lors d'un bref point de presse.

"Cela ne peut pas s'arrêter là", a-t-elle ajouté, évoquant "les leçons" à tirer de la crise grecque. Angela Merkel veut s'engager pour une régulation plus étroite de la spéculation sur les marchés financiers, et "transformer le pacte de stabilité de manière à ce qu'il ne puisse pas être contourné". "Nous allons présenter des propositions à la fois sur une meilleure application d'une politique de stabilité et monétaire commune et sur des modifications éventuelles des traités, qui rendront possible à l'avenir une réaction plus adaptée" aux problèmes financiers d'un ou de plusieurs membres de la zone euro.

Le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a également évoqué un amendement des traités, chose qui ne sera toutefois "pas facile", a-t-il prévenu.

En outre, la chancelière a évoqué la création d'une agence de notation européenne comme une piste à suivre. L'idée, proposée il y a déjà plusieurs semaines par le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, avait été reprise la semaine dernière par le vice-chancelier allemand, Guido Westerwelle. Une agence européenne pourrait apporter "une compréhension de base" des mécanismes économiques différente de celle des agences existantes, plus orientée vers "la perennité" de l'économie et moins vers le court terme, a-t-elle dit. "Plus de concurrence dans ce domaine ne peut pas nuire", selon elle.

Commentaire 1
à écrit le 05/05/2010 à 8:01
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Ce que veulent les lâches de la 5eme ripoublik, c'est pouvoir imposer des mesures extremement impopulaires en arguant que c'est "la faute à l'Europe". C'est la fin de l'U.E

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