Instaurer des barrières douanières provisoires

Par latribune.fr  |   |  276  mots
L'un des travers de la monnaie unique, c'est qu'elle ne permet pas à un pays qui a perdu sa compétitivité de procéder à une dévaluation salvatrice. Pour contourner cet obstacle, Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune suggère donc d'autoriser provisoirement un pays membre de la zone euro à élever des barrières douanières à ses frontières, en accord avec ses partenaires du marché unique.

L'idée est de permettre à la Grèce (ou autre pays de la zone euro empêtré dans une crise de la dette souveraine) d'échapper à une spirale déflationniste tout en redressant ses finances. On le sait, la dévaluation n'est pas possible pour un pays de la zone euro, et quand ses coûts intérieurs ont trop dérivé par rapport au reste de la zone, il ne peut rétablir ses équilibres qu'en comprimant la demande intérieure.

Augmentation du chômage, baisse du pouvoir d'achat et dégradation des services publics sur plusieurs années sont alors presque inévitables. Un autre chemin peut être envisagé : que le pays en crise soit autorisé provisoirement à élever des barrières douanières à ses frontières, en accord avec ses partenaires du marché unique. Les produits importés seraient frappés d'un droit de douane, mettons de 15 %, voire de 30 %, pour les biens de luxe ou superflus, mais beaucoup plus faible pour les biens vitaux.

Les recettes douanières viendraient renflouer les caisses de l'État, réduisant son déficit et augmentant sa capacité de rembourser la dette. Les consommateurs se détourneraient partiellement des produits importés ainsi renchéris mais pourraient y substituer des produits locaux. Les entreprises locales seraient incitées à trouver des fournisseurs sur place, ce qui créerait de l'emploi, donc du pouvoir d'achat. L'activité augmenterait et les recettes fiscales aussi. Mais cette protection disparaîtrait progressivement, avec une réduction de 1 ou 2 points des droits de douane chaque année, jusqu'au retour au marché unique. L'ajustement serait moins douloureux pour la population et dynamisant pour les entreprises locales.