Créer deux dettes, la bleue et la rouge

Par latribune.fr  |   |  307  mots
Le français Jacques Delpla et son collègue allemand Jakob von Weizsäcker, tous deux membres du "think tank" européen Bruegel, proposent de distinguer la dette en deux parties. Tout ce qui est émis en deçà du critère de Maastricht de 60% du PIB serait fusionné et garanti collectivement par les Etats de la zone euro. C'est ce qu'ils appellent la dette bleue. Quant à la rouge - celle qui dépasse les 60% - elle resterait une dette nationale.

Jacques Delpla et Jakob von Weizsäcker viennent de part et d'autre du Rhin, ce qui est en soi une bonne nouvelle tant l'incompréhension semble grande entre économistes français et allemands.

Leur proposition, publiée par le "think tank" européen Bruegel, est originale. Ils divisent en deux parties les dettes publiques de la zone euro : la dette bleue, moins risquée, et la dette rouge, plus risquée. Ce risque différent tiendrait au fait que la dette bleue, composée de tout ce qui est émis en deça du critère de Maastricht de 60% du PIB, serait fusionnée et garantie collectivement par les Etats de la zone euro, tandis que la dette rouge, tout ce qui dépasse les 60%, serait nationale.

Autrement dit, la dette bleue serait aussi bonne que la dette allemande (taux d'intérêt bas) et formerait un vaste marché de 6000 milliards d'euros équivalent au marché de la dette publique américaine. L'euro serait renforcé et les taux du "bleu" baisseraient pour tout le monde, même l'Allemagne (de 0,30% selon les auteurs). La dette rouge ne vaudrait que ce que vaut la signature de chaque pays, et les taux d'intérêt monteraient en conséquence : ce serait un puissant facteur de discipline.

En cas de crise de type grec, un défaut sur la dette rouge serait envisageable sans que le défaut s'étende à la dette bleue. De plus, chaque année, tous les pays devraient obtenir le vote des parlements pour la garantie de leur dette de l'année suivante : le Bundestag, par exemple, aurait son mot à dire sur la crédibilité des budgets de ses voisins, et réciproquement. Aucun pays ne serait forcé d'adhérer au mécanisme. Les auteurs parient que les marchés se rueraient sur la "dette bleue zone euro".