Rachat de dettes, dépréciations des banques, risque de nouvelle récession  : la BCE "dans une situation difficile"

La BCE a révélé que le montant total de ses rachats de dettes de pays de la zone euro atteignait 35 milliards d'euros vendredi, contre 26,5 milliards une semaine plus tôt. Une stratégie qui provoque de fortes tensions en son sein. Et ce n'est pas son seul souci...

La Banque centrale européenne a fait savoir lundi que ses rachats d'emprunts d'Etat de la zone euro s'étaient poursuivis la semaine dernière. Dans un communiqué, la BCE a précisé que le montant total de ces rachats atteignait 35 milliards d'euros vendredi, contre 26,5 milliards une semaine plus tôt. Elle n'a pas indiqué l'identité des émetteurs des titres rachetés mais plusieurs responsables de la banque centrale ont expliqué qu'il s'agissait pour la majeure partie de pays d'Europe du Sud.

La BCE a commencé le 3 mai à racheter sur les marchés des obligations émises par des pays de la zone euro comme la Grèce, le Portugal ou l'Espagne, une démarche initiée parallèlement au plan de stabilisation élaboré par la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI).

Axel Weber, président de la Bundesbank allemande et membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a souhaité lundi la mise en place d'un plafond rigide sur ces rachats de dette publique. Il a également mis en garde contre les mesures exceptionnelles prises par les autorités afin d'atténuer la crise de la dette en Europe, estimant que celles-ci constituaient un risque pour la stabilité des prix, objectif principal de la BCE.

"La politique monétaire a pris de nouvelles directions dans le sillage de la crise, je critique cela en raison des risques qui pèsent sur la stabilité politique", a dit Axel Weber dans un discours prononcé à Mayence. "Les rachats d'emprunts d'Etat sur le marché secondaire ne devraient pas dépasser une limite rigide."

L'Italien Mario Draghi, également membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a pour sa part déclaré que le programme de rachats de dette publique serait supprimé "dès que possible".

PÉKIN N'EXCLUT PAS UNE RECHUTE MONDIALE

Les craintes des investisseurs relatives à la situation financière de l'Espagne, du Portugal et de la Grèce ont entraîné un repli de près de 14% de l'euro face au dollar depuis le début de l'année, et d'environ 7,5% sur le seul mois de mai.

L'Espagne, quatrième économie de la zone euro, a vu sa note souveraine abaissée d'un échelon vendredi par l'agence Fitch, perdant ainsi la note suprême "triple A".

Fitch a notamment justifié sa décision par le manque de flexibilité du marché du travail. Sur ce point, le gouvernement de Jose Luis Rodriguez Zapatero s'est efforcé lundi de rassurer, en expliquant qu'il pourrait adopter une réforme avant la fin juin malgré les difficultés rencontrées lors des discussions avec les partenaires sociaux. La ministre de l'Economie, Elena Salgado, a clairement indiqué que Madrid réformerait le marché du travail quelle que soit l'issue de ces négociations.

Illustration des inquiétudes persistantes des investisseurs du monde entier quant à la santé de la zone euro, le Premier ministre chinois Wen Jiabao a déclaré que la croissance mondiale restait vulnérable aux risques posés par les dettes souveraines et il n'a pas exclu une rechute dans la récession.

Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a pour sa part estimé que la croissance économique de la zone euro au deuxième trimestre serait meilleure que prévu. Mais il a déclaré que la zone euro avait besoin de faire un "saut qualitatif" dans l'amélioration des mécanismes de supervision des budgets de ses Etats membres afin d'éviter la répétition de comportements budgétaires déviants. "C'est une période difficile pour l'Europe et la BCE", a-t-il dit lors d'une conférence organisée par la banque centrale australienne. Il a aussi évoqué dans un entretien au Monde la nécessité d'une "fédération budgétaire" au sein de la zone euro, brisant ainsi le tabou du débat politique sur le fédéralisme.

La BCE a par ailleurs indiqué également ce lundi que les banques de la zone euro sont exposées à 195 milliards d'euros de dépréciations supplémentaires d'ici la fin 2011 à cause de la crise financière et de ses répercussions. Dans son rapport semestriel sur la stabilité financière, elle ajoute que les finances publiques représentent actuellement le risque le plus important pesant sur la stabilité de la région, les dettes et les déficits continuant de perturber les investisseurs tandis que les émissions massives prévues par les Etats risquent de restreindre l'accès des entreprises et des banques au marché du crédit.

Tout en constatant que des menaces d'interactions défavorables entre le système financier et les finances publiques sont déjà apparues, la BCE note que les nouvelles mesures adoptées pour combattre la crise ont considérablement réduit les risques de contagion."D'importants déséquilibres budgétaires demeurent et il est de la responsabilité des gouvernements d'affronter et d'accélérer la consolidation budgétaire afin d'assurer la soutenabilité des finances publiques, non seulement pour éviter le risque d'un étouffement de l'investissement privé mais aussi pour instaurer les conditions permettant une croissance économique durable", a déclaré le vice-président de la BCE , Lucas Papademos.

Commentaires 7
à écrit le 01/06/2010 à 10:57
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L'EUROPE est incontournable; elle est tous pays confondus la première économie du Monde et aussi la plus consommatrice de produits chinois. C'est ce qui explique la peur de ceux-ci d'ailleurs.Il est temps de remettre les compteurs à zéro,soit en fais...

à écrit le 01/06/2010 à 8:58
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la chine commence à avoir peur car elle se dit qu'une récession européenne et même mondiale péserait trés lourd sur ses exportations et par là-même sur son expansion. du coup ses réserves seraient amoindries en raison du programme intérieur d'investi...

à écrit le 01/06/2010 à 5:43
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Enfin une réflexion inrelligente et qui a le mérite d'être prononcée à "voix haute" , il faut "une fédération budgétaire". On commence à réflèchir à la BCE.!!!

à écrit le 01/06/2010 à 5:36
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@solstice Ce n'est pas plutôt en 2012 que ce produira l'apocalypse ? x)

à écrit le 01/06/2010 à 4:20
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SOLUTION: Nationaliser TOUTES les banques du monde... Chiche ?

à écrit le 31/05/2010 à 19:35
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2011, année de tous les dangers....

à écrit le 31/05/2010 à 19:06
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La banques centrales ont créé toujours plus de dettes : immobilières, a la consommation, dette des états, etc etc; L'économie a fait une grosse overdose de dettes, avec la crise des subprimes, puis la crise des faillites bancaires (et des sauvetages ...

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