Ramener le calme sur les marchés : le rêve fou du G20 Finances

Chute de l'euro, Bourses qui replongent, les ministres des finances du G20, les principaux pays du monde, ont appelé au calme après deux jours de discussion. Un voeu pieux. Alors que sur le plan concret, la mise en place d'une taxe bancaire mondiale, ils ont botté en touche. Mais ils ont promis de réformer "rapidement" le système financier mondial.

Le contexte était difficile pour les grands argentiers du G20, les pays les plus puissants de la planète, leurs ministres des finances et leurs banquiers centraux. Vendredi a en effet été une journée noire sur les marchés avec une chute de l'euro au plus bas depuis quatre ans et des marchés qui replongent, tant à la Bourse de Paris avec un CAC 40 qui a plongé vers les 3400 points et ailleurs en Europe qu'à Wall Street, qui a fini au plus bas depuis février dernier, après de mauvaises statistiques de l'emploi aux Etats-Unis et de nouvelles inquiétudes sur l'économie européenne, la Hongrie évoquant même un risque de défaut alors qu'une mauvaise traduction de propos de François Fillon sur la parité entre l'euro et le dollar pourrait avoir aggravé les choses.

Les gouvernements doivent remettre de l'ordre dans leurs finances publiques pour ramener le calme sur les marchés financiers ébranlés par la crise budgétaire en Europe, ont déclaré les ministres des Finances du G20, les vingt premières puissances économiques mondiales. Ils ont promis de réformer "rapidement" le système financier mondial.Dans un communiqué publié après deux jours de réunion à Busan, en Corée du Sud, le G20 cherche à rétablir la confiance des marchés en s'engageant à assurer la poursuite de la reprise économique mondiale. Celle-ci s'opère plus rapidement qu'on pouvait le penser mais la récente volatilité des marchés financiers illustre les importants défis qui restent à relever, estiment les ministres des Finances et les banquiers centraux du G20.

"La reprise de l'économie mondiale se poursuit plus rapidement que ce qui avait été anticipé, bien qu'à des rythmes différents selon les pays et les régions", souligne le communiqué final de cette réunion qui préparait le sommet du G20 de Toronto, les 26 et 27 juin prochains. "Les récents événements soulignent l'importance d'avoir des finances publiques viables et la nécessité pour nos pays de mettre en place des mesures crédibles en faveur de la croissance et d'assurer une durabilité budgétaire en fonction des circonstances nationales", précise-t-il sans faire explicitement référence toutefois aux problèmes de la zone euro.

L'euro a plongé vendredi à son plus bas niveau face au dollar sur ces quatre dernières années, sur fond d'inquiétude de voir la Hongrie s'engager dans un "scénario à la grecque" de crise de sa dette, ce qu'a contesté samedi Olli Rehn, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a reconnu lors d'une conférence de presse qu'il y avait eu des divergences entre les pays participants sur la priorité à accorder à la réduction des déficits budgétaires.

PAS DE TAXE BANCAIRE MONDIALE

Les ministres des Finances du G20 ont par ailleurs enterré les propositions de création d'une taxe bancaire mondiale. L'idée de cette taxe était de constituer un fonds d'urgence susceptible de financer de futures opérations de sauvetage du secteur bancaire. Mais certains pays n'ayant pas frôlé de faillite bancaire, comme le Canada, l'Australie et les principaux pays émergents, comme l'Inde et le Brésil, s'y opposaient.

Dans leur communiqué, les ministres des Finances et banquiers centraux s'accordent sur le principe qu'il reviendra aux banques de supporter le coût de plans de sauvetage et de renflouement pilotés par des gouvernements, mais seulement si ces plans sont nécessaires. Pas question donc de créer un fonds d'urgence "préventif" financé par cette taxe bancaire. Dans une lettre à ses homologues rendue publique samedi, le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, a souligné que la mise en oeuvre du plan de soutien décidé par les Européens à hauteur de 750 milliards d'euros limiterait les risques.

MISE EN GARDE

Mais il a aussi mis en garde: pour préserver le potentiel de croissance, les autres économies de la planète devront compenser le recul de la consommation des ménages américains, qui consacrent une part croissante de leurs revenus à l'épargne. "Dans ce contexte, nous sommes préoccupés par la faiblesse attendue de la demande intérieure en Europe et au Japon", écrit-il.

Il distingue notamment les "pays européens excédentaires" - expression qui renvoie essentiellement à l'Allemagne - qu'il appelle à garantir la croissance de leur demande intérieure. Quant à la Chine, autre puissance exportatrice, Geithner estime qu'elle devrait laisser sa devise nationale, le yuan, s'apprécier afin de renforcer le pouvoir d'achat des Chinois.

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