Exercice périlleux pour la BCE et Jean-Claude Trichet

Tensions sur les marchés monétaires et obligataires sur fond d'euro fondant : tels sont les défis auxquels est confrontée la BCE, qui réunit son conseil ce jeudi.

Jean-Claude Trichet va devoir se livrer à un exercice de communication périlleux ce jeudi, à l'issue du conseil de la Banque centrale européenne. Sur fond de contestation de la décision prise il y a un mois d'acheter des titres de dette souveraine de la zone euro, sur fond d'euro glissant et sur fond de tensions sur les marchés interbancaires et obligataires, le président de la BCE est sollicité par les divers acteurs des marchés pour renforcer l'arsenal de mesures anticrise qu'il avait commencé à alléger en avril.

D'abord par les banques qui sont à nouveau entrées dans l'ère du soupçon. Les établissements financiers implantés en zone euro ont à nouveau parqué hier un montant record de liquidités auprès de la facilité de dépôts à 24 heures de la BCE, de 364,58 milliards d'euros, soit 3 milliards de plus que mardi, reflétant la nervosité persistante sur le marché monétaire. Placements que la BCE ne rémunère qu'au taux de 0,25 %, alors que les banques disposent de sources nettement plus rémunératrices pour investir leurs tombereaux de liquidités excédentaires. Mais, comme après la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008, les banques, échaudées par la crise de la dette en zone euro, refusent à nouveau de se prêter entre elles. Et ce bien que la BCE ait réactivé plusieurs mesures exceptionnelles de soutien début mai afin de leur permettre de s'alimenter plus facilement et à bon marché en liquidités et tenter de restaurer la confiance. La BCE pourrait prolonger la procédure d'appels d'offres à trois mois à taux fixe au delà du 30 juin et conduire une nouvelle opération à six mois, après celle du 12 mai.

prime discriminante

La BCE sera également poussée dans ses retranchements par les investisseurs institutionnels. Depuis l'annonce du programme de rachats d'emprunts d'Etat des pays les plus menacés de la zone euro par la BCE, qui en a acquis à ce jour 40,5 milliards d'euros, les écarts de taux se sont fortement creusés, même entre pays notés AAA, la note la plus prestigieuse des agences d'évaluation financière. C'est ainsi que le « spread » entre le bund allemand à dix ans qui draine l'épargne en quête de sécurité comme un aimant et l'OAT française de même échéance est monté jusqu'à 60 points de base mardi, deux fois plus qu'il y a un mois. Cette prime discrimante exigée par les investisseurs, encore largement supérieure entre les emprunts d'Etat allemands et espagnols, italiens ou portugais, pourrait contraindre la BCE à acheter plus de dette souveraine qu'elle ne l'envisageait et, en tout état de cause, à se montrer plus transparente sur ses intentions concernant les volumes qu'elle entend engranger et leur composition par pays et par maturité. A défaut d'indiquer un plafond de rachat, comme l'exige Axel Weber, le président de la Bundesbank pressenti pour succéder à Jean-Claude Trichet et principal opposant au programme de rachat d'emprunts d'Etat.

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