La Pologne retourne aux urnes après la mort accidentelle de son président

D'après les premiers résultats, le candidat libéral Bronislaw Komorowski est arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle dimanche en Pologne, avec 41,22% des voix, devant le conservateur Jaroslaw Kaczynski (36,74%). Les deux rivaux s'affronteront au second tour du scrutin le 4 juillet.

Les Polonais étaient appelés à élire ce dimanche un nouveau chef d'Etat, deux mois après le décès du président Lech Kaczynski dans un accident d'avion, scrutin qui donnera le ton des réformes économiques et des relations de Varsovie avec ses partenaires de l'Union européenne et son vieil ennemi russe.

Selon les résultats portant sur 94,3% des suffrages, le candidat libéral Bronislaw Komorowski est arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle, avec 41,22% des voix, devant le conservateur Jaroslaw Kaczynski (36,74%). Les deux rivaux s'affronteront au second tour du scrutin le 4 juillet. Le candidat de gauche, le social-démocrate Grzegorz Napieralski, a créé la surprise en arrivant en troisième position avec 13,7% des résultats.

Les deux candidats du secon, Bronislaw Komorowski, qui, en tant que président de la chambre basse du parlement, assure l'intérim du chef de l'Etat, et Jaroslaw Kaczynski, frère jumeau du défunt président, sont tous deux issus du combat mené par le syndicat Solidarité jusqu'à la chute du régime communiste, en 1989.

Mais ces deux catholiques conservateurs qui défendent les valeurs de la famille diffèrent par leur style et sur de nombreux points, notamment par leurs opinions sur la place de la Pologne dans l'Europe, l'adhésion ou non à l'euro et les réformes à mener. Le président est élu pour cinq ans en Pologne.

Problème du droit de veto

Environ 30 millions de Polonais sont inscrits sur les listes électorales sur une population de 38 millions. Le taux de participation s'est élevé pour ce premier tour à 54,85%, selon les données de la Commission électorale. En 2005, le taux de participation à l'élection présidentielle n'avait même pas atteint 50%. Il était à peine un peu plus élevé (54%) lors des législatives de 2007.

La Constitution polonaise accorde l'essentiel des pouvoirs politiques au gouvernement, que dirige Donald Tusk (PO). Mais le président peut opposer son veto à des lois, procède à nombre de nominations dont le gouverneur de la banque centrale et influence la politique étrangère et de sécurité.

Lech Kaczynski, élu en 2005, avait ainsi bloqué certaines réformes d'inspiration libérale voulues par le gouvernement Tusk, comme les retraites, la santé ou les médias.

Le Premier ministre redoute que son frère, en cas d'élection, ne perpétue cette tradition du veto, notamment pour contrecarrer l'entrée de la Pologne dans l'euro et ne transforme la présidence en quartier général du PiS en vue des législatives de l'année prochaine.

"Un succès de Jaroslaw Kaczynski, ce serait un enfer politique", a-t-il récemment déclaré, accusant les partisans du candidat conservateur de mener une campagne de dénigrement visant "à prouver que Tusk collabore non seulement pour la Wehrmacht mais aussi pour l'Armée rouge et que Komorowski est le laquais des grandes puissances menées par la Russie".

Jaroslaw Kaczynski, qui a fêté ses 61 ans ce vendredi, a été brièvement Premier ministre en 2006-2007. Ses opinions nationalistes, notamment sa suspicion très forte envers l'Allemagne et la Russie, avaient tendu les relations de la Pologne avec ses voisins et avec l'Union européenne.

Par contraste, Bronislaw Komorowski, père de cinq enfants et héritier de la vieille aristocratie polonaise, partage les ambitions de Donald Tusk d'amener la Pologne dans le courant dominant politique en Europe, c'est-à-dire d'adopter l'euro comme monnaie dès que la situation économique le permettra.

Jaroslaw Kaczynski a aussi bénéficié d'un regain de sympathie envers sa famille parmi les Polonais, frappés par la mort soudaine de son frère jumeau dont il avait toujours été proche.

Les deux candidats ont consacré nombre de leurs déplacements de campagne aux victimes des inondations du printemps, qui ont fait vingt morts et des dizaines de milliers de sans-abri.

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