Bronislaw Komorowski élu président de la Pologne

Le candidat libéral Bronislaw Komorowski a remporté dimanche le second tour de l'élection présidentielle en Pologne. Son rival conservateur, Jaroslaw Kaczynski, a recueilli près de 47% des suffrages.

Bronislaw Komorowski a remporté dimanche le second tour de l'élection présidentielle en Pologne. Selon des résultats officiels, le candidat de la Plate-forme civique (PO, libéral), a recueilli 53,01% des suffrages. Avec 47%, son rival conservateur du parti Droit et justice (PiS), Jaroslaw Kaczynski, n'aura donc pas réussi à convaincre les électeurs polonais qu'il était le successeur légitime au poste laissé vacant par son frère jumeau décédé dans un tragique accident d'avion survenu le 10 avril en Russie.

Père de cinq enfants et homme politique connu pour son caractère pondéré, Komorowski devient ainsi le quatrième président démocratiquement élu de la Pologne depuis l'abandon du communisme en 1989. Deux de ses prédécesseurs, l'ancien fondateur du syndicat libre Solidarité, Lech Walesa, et le social-démocrate Aleksander Kwasniewski, lui avaient apporté leur soutien durant la campagne électorale.

En tant que président de la chambre basse du parlement, il avait automatiquement assuré l'intérim à la magistrature suprême après le décès du président Lech Kaczynski. Jaroslaw Kaczynski a rapidement concédé sa défaite dans la soirée. "Je dois commencer comme la politesse l'exige, en félicitant le vainqueur", avait-il déclaré à ses partisans après la publication des premiers sondages le donnant perdant. 

Les marchés financiers sont favorables à Komorowski, qui devrait travailler harmonieusement avec le Premier ministre Donald Tusk, libéral comme lui, à la réduction du déficit budgétaire, sans toutefois entraver la reprise économique.

Le plus grand des anciens pays communistes de l'Union européenne est le seul du bloc à avoir évité la récession l'an dernier, mais la Pologne doit réduire un important déficit budgétaire et sa dette publique.

Participation relativement élevée

"Aujourd'hui, la démocratie l'a emporté, notre démocratie polonaise", a de son côté déclaré Komorowski dans un discours soulignant la nécessité du dialogue et de la coopération. "Il est important de ne pas fomenter de divisions mais de bâtir un sens de l'unité", a-t-il ajouté devant ses partisans enthousiastes.

Les investisseurs redoutaient une victoire de Kaczynski en raison de son opposition à une réduction des dépenses et aux privatisations et parce que le conflit entre le gouvernement et le président risquait de s'aggraver.

"La victoire de Komorowski peut être considérée comme un facteur de soutien aux réformes budgétaires parce qu'il appartient au parti au pouvoir. De sorte que nous pouvons imaginer que la réaction des marchés sera positive", note Maciej Reluga, économiste à la Bank Zachodni WBK.

"Nous ne devons néanmoins pas oublier que nous aurons bientôt des élections régionales et législatives (respectivement cet automne et en 2011), de sorte que nous ne pouvons nous attendre à des décisions impopulaires (de la part du gouvernement)".

En Pologne, c'est le gouvernement qui conduit la politique de la nation, mais le président a un droit de veto et peut proposer des lois. Il nomme également les titulaires de nombreux postes clés de l'administration et a son mot à dire en matière de défense et de politique étrangère. Le défunt président Lech Kaczynski avait opposé son veto à plusieurs textes gouvernementaux.

L'élection de Komorowski sera bienvenue dans les autres capitales de l'UE et en Russie, parce qu'il devrait soutenir les initiatives prises par le gouvernement Tusk pour améliorer les relations étrangères mises à mal lorsque Jaroslaw Kaczynski était Premier ministre, en 2006-2007.

Le taux de participation a été relativement élevé, avec 56,2%, contre 54% au premier tour, en dépit de craintes initiales de voir le beau temps inciter des électeurs à bouder les urnes pour se rendre à la plage ou à la montagne.

Avant le décès de son jumeau, Jaroslaw Kaczynski était l'homme politique le moins populaire de Pologne et son parti, le PiS, était largement devancé par le PO dans les sondages. Bien que battu, il n'en a pas moins réussi une remontée impressionnante, s'attirant la sympathie en raison du deuil qui le frappait et renonçant dans sa campagne à son discours nationaliste pour tenter de rallier les modérés.

Les 47% obtenus par Kaczynski le placent, ainsi que son parti, dans une meilleure position pour les élections législatives de l'an prochain et pourraient rendre plus difficile pour le gouvernement Tusk l'adoption de réformes budgétaires potentiellement impopulaires.

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