L'Islande 29ème pays de l'Union Européenne ?

L'annonce ce lundi à Bruxelles de l'ouverture de négociations pour l'adhésion de l'Islande à l'Union Européenne a été accueillie non sans un certain scepticisme par certains dirigeants européens.

Les négociations en vue de l'entrée de l'Islande dans l'Union Européenne s'ouvriront demain mardi 27 juillet. Telle est la décision prise ce lundi par les secrétaires d'Etat chargés des affaires européennes réunis à Bruxelles pour fixer le cadre des discussions. Si les démarches aboutissent, l'île deviendrait le 29è Etat membre après la Croatie qui devrait normalement rejoindre le bloc à horizon 2011-2012.

Toutefois l'ouverture des négociations est accueillie avec un certain scepticisme par les ministres européens qui se méfient du caractère récent de l'engouement des Islandais pour l'UE. Un diplomate de haut rang interrogé par l'AFP a souligné que plusieurs gouvernements européens s'interrogent sur "l'empressement de la Commission européenne à forcer l'allure". Même scepticisme du côté du secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes. "Je n'ai pas tout à fait l'impression au niveau des sondages que les Islandais soient très favorables. C'est tout le problème" explique Pierre Lellouche.

La Belgique, qui assure la présidence tournante de l'UE et dirigera à ce titre les négociations, affiche une certaine confiance. Son ministre des affaires étrangères, Steven Vanackere annonçait à l'issue de la réunion de lundi : "Il est clair que les choses ont de bonnes chances de se passer sans problème sur un certain nombre de sujets". La proximité économique entre l'Islande et l'UE devrait effectivement faciliter les négociations. L'Islande est déjà proche de l'Union Européenne puisqu'elle fait partie de la zone de libre échange européen en tant que membre de l'Espace économique européen et qu'elle est aussi à l'intérieur de l'espace Shengen laissant circuler librement sur son sol les citoyens européens. Elle applique également près des trois-quarts des lois européennes.

Mais certains parmi les 35 chapitres qui doivent faire l'objet de discussions sont plus litigieux. Les directives européennes relatives à la pêche risquent de poser problème : l'Islande veut protéger ses zones de pêche à la morue d'un côté et de l'autre continuer de pêcher la baleine ce qui est interdit par l'UE.

La question des finances islandaises est encore plus problématique. Si la candidature islandaise a été déposée le 16 juillet 2009, après la crise des finances publiques sur l'île, l'enthousiasme pour l'UE y est nettement retombé depuis. Le contentieux qui oppose les Pays-Bas et le Royaume-Uni à l'Islande autour des indemnités versées à la suite de la faillite en 2008 de la banque en ligne islandaise Icesave en est une illustration. Les gouvernements britanniques et néerlandais avaient versé une indemnité aux épargnants de leur pays suite à la fermeture d'Icesave, indemnités qu'ils aimeraient se faire rembourser par l'Etat islandais. Une opération qui a été désapprouvée par 93,3% des iliens. Les dirigeants européens ont demandé à l'issue de la réunion de ce lundi à ce que l'Islande règle cette question au plus vite. Son gouvernement devra aussi éclaircir la façon dont il étend gérer sa dette. Des actions d'autant plus difficiles à mener qu'elles sont impopulaires. Un sondage réalisé en juin par l'institut Market and Media Research, fait ressortir que près de 60% des Islandais étaient favorables à ce que Reykjavik retire sa demande d'adhésion, contre seulement 25% à réclamer son maintien.

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