La Turquie vote "oui" à la réforme constitutionnelle

Selon les premiers résultats du référendum qui s'est tenu en Turquie ce dimanche, une nette majorité de 59% se dégage en faveur de la réforme constitutionnelle proposée par le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan.

Une nette majorité de 59% des électeurs ont voté "oui" ce dimanche au référendum sur des réformes constitutionnelles en Turquie, sur la base du dépouillement de 91% des bulletins de vote, a rapporté la chaîne de télévision turque NTV. Si la tendance se confirme jusqu'au bout, ce sera un grand succès pour le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, à l'origine de cette réforme très controversée, dans l'optique des élections législatives qui doivent avoir lieu en juillet 2011 au plus tard.

Dans les sondages, le "oui" et le "non" étaient au coude à coude.

Saluée par l'Union européenne comme "un pas dans la bonne direction",  cette réforme limite les prérogatives de la justice militaire. Mais elle renforce également le parti islamo-conservateur au pouvoir, l'AKP, en apportant des changements importants au sein deux instances judiciaires, bastions de longue date de la laïcité : la Cour constitutionnelle et le Conseil supérieur de la magistrature (HSYK), en charge de la nomination des juges et des procureurs.

La réforme soumet également la dissolution des partis politiques au contrôle du Parlement, dominé par l'AKP.

La révision constitutionnelle propose enfin de nouveaux droits pour les fonctionnaires et la protection de l'égalité des sexes, et ouvre la possibilité de juger les auteurs du coup d'Etat militaire de 1980.

L'AKP assure que cette réforme, qualifiée d'avancée "vers plus de démocratie" par le Premier ministre, constitue un atout dans la candidature de la Turquie à l'Union européenne, à laquelle s'opposent toujours l'Allemagne et la France.

Pour l'opposition laïque ou nationaliste, cette réforme signifie surtout l'entrée de proches de l'AKP au sein de la Cour constitutionnelle et du Conseil supérieur de la magistrature, qui permettra au parti de mieux contrôler le judiciaire avant les élections législatives de 2011.

Islamisation en catimini

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan soutient des réformes libérales, mais il est également accusé par le camp laïc de chercher à islamiser le pays. Son parti a en 2008  échappé de peu à la dissolution pour "activités anti-laïques". Certaines de ses réformes comme la suppression de l'interdiction du voile islamique dans les universités ont été bloquées par les tribunaux. 

L'AKP a remporté très largement les élections générales de 2007, avec 46,6% des voix, mais s'est essoufflé depuis, notamment lors des élections municipales de 2009 (39% des voix). 

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