La longue attente des mineurs chiliens touche à sa fin

Le sauvetage des mineurs bloqués depuis deux mois au fond d'une mine du Chili est entré dans sa dernière phase dimanche, avec pour objectif de ramener à la surface les 33 personnes autour de mercredi.

Les 33 mineurs chiliens bloqués depuis plus de deux mois à 700 mètres sous terre pourraient être ramenés à la surface dans les prochains jours par un puits de secours dont le forage a été achevé samedi.

L'annonce a provoqué la joie des secouristes, des familles et des collègues des mineurs bloqués par le fond, réunis à proximité de la mine de San Jose dans un camp de tentes baptisé Campamento Esperanza (le camp de l'espoir). Les spécialistes doivent maintenant déterminer sur quelle longueur les parois du puits doivent être consolidées par un tubage d'acier avant de commencer à hisser les hommes un à un à la surface, à l'intérieur d'une capsule spécialement conçue, à peine plus large que les épaules d'un homme.

Le président chilien, Sebastian Pinera, a déclaré lors d'une conférence de presse qu'il espérait que les 33 mineurs seraient ramenés à la surface la semaine prochaine. "J'espère que le sauvetage aura lieu la semaine prochaine. Peu importe que cela se passe mardi, mercredi ou jeudi; l'important, c'est de les ramener en vie et en sécurité. Et pour cela, nous ne nous épargnerons aucun effort", a-t-il dit à Santiago.

L'extraction des mineurs devrait prendre de trois à dix jours, a précisé le ministre des Mines, Laurence Golborne. "Je suis tellement heureuse, je vais bientôt récupérer mon fils", exulte Alicia Campos, dont le fils, Daniel Herrera, fait partie des 33 mineurs coincés sous terre depuis 65 jours.

Derrière elle, des secouristes sautent de joie, des proches des naufragés souterrains s'embrassent, courent en tous sens en brandissant le drapeau chilien. Certains craquent sous le coup de l'émotion. Des bouchons de bouteilles de champagne sautent, des sirènes retentissent pour célébrer la nouvelle, le tout retransmis en direct à la télévision. Les caméras s'attardent sur la petite Esperanza, un bébé âgé de quelques semaines seulement dont le père, Ariel Ticona, fait partie des mineurs bloqués. Il ne l'a vue que sur un enregistrement vidéo. "Je suis si heureuse", dit Elizabeth Ticona, la mère de la petite fille.

"LE CAUCHEMAR EST PRESQUE TERMINÉ"

Selon les responsables des secours, les 33 mineurs piégés depuis le 5 août sont dans un état de santé jugé remarquable, même si certains présentent des problèmes dermatologiques. Le puits de secours plonge à 625 mètres sous terre. Il est la pièce maîtresse de cette opération parmi les plus complexes jamais entreprise dans l'histoire de l'exploitation minière.

"Le cauchemar que nous vivons est presque terminé, mes filles sont si heureuses", se réjouit Cristina Nunez, qui vient d'apprendre que son mari, Claudio Yanez, serait prochainement de retour à la surface. Claudio Yanez, comme ses 32 compagnons d'infortune, devra porter des lunettes teintées spéciales pour préserver ses yeux une fois revenu à la surface.

Le cauchemar dont parle son épouse a débuté le 5 août lorsqu'une partie de la mine d'or et de cuivre de San Jose, gérée par la Compania Minera San Esteban Primera, s'est effondrée.

Il faudra attendre le 22 août, soit 17 jours, pour établir enfin le contact et apprendre que les 33 mineurs portés disparus ont tous survécu. Les sauveteurs parviennent alors à leur faire passer des vivres et de l'eau par une petite ouverture. Les mineurs peuvent aussi communiquer avec leurs proches qui se rassemblent à la surface, dans une zone isolée du désert d'Atacama.

Les secours, assistés par des experts de la Nasa, l'agence spatiale des Etats-Unis, leur apportent également une aide psychologique pour les aider à supporter la longue attente. Jamais des mineurs n'ont été bloqués aussi longtemps sous terre. Le forage du puits de secours a été coordonné par Jeff Heart, un spécialiste natif de Denver, au Colorado, qui travaille depuis vingt-quatre ans pour la société chilienne Geotec Boyles Bros.

"L'émotion ici est indescriptible. C'est extraordinaire", dit le technicien dont les autorités chiliennes ont souligné le rôle central dans l'organisation des secours et que la population considère désormais comme un héros à en voir le nombre d'autographes qu'on lui réclame. "Nous y sommes finalement parvenus, nous nous sommes battus pendant tout ce temps. Aujourd'hui, nous avons la possibilité de sauver ces mineurs. Je ne ferai jamais rien de plus important", ajoute-t-il dans une interview accordée à Reuters.

Samedi, la femme du président Sebastian Pinera, Cecilia Morel, s'est une nouvelle fois rendue auprès des familles pour les encourager à être encore un peu patientes. "Ne nous figeons pas dans l'attente d'une date d'évacuation fixée avec exactitude, faisons confiance aux experts, c'est un peu comme l'attente d'une naissance", a dit la première dame.

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