Les démocrates sauvent leur majorité au Sénat, pas à la Chambre des représentants

Barack Obama a préservé l'essentiel au Sénat, où il disposera d'une courte majorité. Mais il va devoir composer avec les républicains qui contrôlent désormais la Chambre des représentants. Le Président américain a prévu de répondre aux questions des journalistes dès ce mercredi.

L'essentiel est sauvé pour les démocrates, même si le succès républicain est encore plus large qu'attendu par les sondages. Avec 51 ou 52 sièges de sénateurs, le parti de Barack Obama va conserver sa majorité. Les républicains, eux, s'emparent largement de la Chambre des représentants, ouvrant la voie à une période de cohabitation. Et ils comptent bien influer sur la politique de l'administration américaine sur plusieurs sujets prioritaires.

Sénat

Les démocrates devraient conserver entre 51 et 52 sièges au Sénat américain. Seulement 37 sièges étaient remis en jeu, la chambre haute du Congrès étant renouvelée par tiers tous les deux ans. Les républicains gagneraient ainsi 8 ou 9 postes lors de scrutin, échouant de très près de la majorité. Il leur fallait en fait reprendre 10 sièges pour cumuler 50 des 100 postes de sénateurs. Les victoires de Joe Manchin en Virgine occidentale et Barbara Boxer en Californie ont été primordiales pour les démocrates. Tout comme la réélection d'Harry Reid, leur chef de file au Sénat que les sondages donnaient perdant en Arizona face à la très conservatrice Sharron Angle.

Côté républicain, Mark Kirk s'impose dans l'Illinois, le précédent poste de Barack Obama. L'opposition récupère également des sièges en Pennsylvanie, dans l'Indiana, le Wiscosin, le Dakota du Nord et en Arkansans. Le Tea party, l'aile droite des républicains, fait pour sa part son entrée au Sénat, grâce aux succès de Rand Paul dans le Kentucky et de Marc Rubio en Floride, deux états déjà aux mains des républicains. En revanche, Christine O'Donnell a comme prévu nettement échoué dans le Delaware.

Chambre des représentants

Le basculement de la chambre basse du Congrès américain ne faisait absolument aucun doute. La question était donc de savoir l'ampleur de la victoire républicaine. Selon les dernières estimations, ils devraient récolter un peu plus de 240 sièges à la Chambre de représentants, quand la majorité est fixée à 218. Cela représenterait un gain d'une soixantaine de sièges, dans le haut de la fourchette des prévisions. Conséquence directe de cette prise de contrôle, Nancy Pelosi va quitter ses fonctions de présidente (speaker) au profit du républicain John Boehmer. Barack Obama se serait d'ailleurs entretenu avec lui par téléphone dans la soirée pour parler notamment de l'emploi et de la baisse des dépenses publiques.

Gouverneurs

37 postes de gouverneurs (sur 50) étaient également en jeu ce mardi. Jusqu'à aujourd'hui, les démocrates étaient à la tête de 26 Etats, contre 24 pour les républicains. Selon les dernières projections, ces derniers devraient au moins avoir gagné 10 sièges de gouverneurs supplémentaires (notamment l'Ohio, la Pennsylvanie et le Michigan). Les démocrates se consoleront avec le gain de la Californie (mettant en échec la tentative de Meg Whitman, l'ancien PDG d'eBay) ou encore avec la très nette victoire d'Andrew Cuomo dans l'Etat de New York.

Et maintenant ?

Pour Fred Greestein, historien des présidents américains et professeur émérite à l'université de Princeton, Obama va devoir "consacrer davantage de temps à expliquer lui-même" ses choix politiques à l'opinion. Lors de la conférence de presse qu'il a prévu de tenir ce mercredi, Barack Obama devrait mettre l'accent sur les questions d'emploi et d'économie, et son apparition permettra sans doute de comprendre comment il assimile son plus lourd revers depuis sa prestation de serment.

Même si Barack Obama ressent douloureusement sa défaite, il est peu vraisemblable qu'il le montre. "Il a la réputation d'être au meilleur de sa forme lorsqu'il a le dos au mur", fait remarquer Bruce Buchanan, politologue à l'université du Texas. "Ne pas se laisser démonter dans les périodes difficiles est une ressource précieuse pour un dirigeant, même si cela ne plaît pas toujours aux foules", explique-t-il.

"Il ne montre pas autant ses émotions et ne se repent pas autant que ses détracteurs le souhaiteraient. Mais il semble qu'il soit tout à fait prêt à affronter la réalité de la situation et aussi à évaluer ses propres perspectives politiques", ajoute Bruce Buchanan. Barack Obama et ses collaborateurs ont veillé ces dernières semaines à en dire le moins possible sur leur stratégie post-électorale. Dans les interviews, le président a cependant laissé comprendre qu'il convierait les républicains à collaborer avec lui. S'ils refusent de coopérer avec lui, la Maison blanche mise sur le fait qu'ils en paieront le prix en 2012.

"Je pense qu'il sera important que les républicains comprennent que les Américains n'attendent pas d'eux qu'ils se contentent d'observer les choses; ils vont devoir se retrousser les manches et se mettre au travail", a dit Barack Obama dans une interview publiée en octobre par la revue National Journal. Dès les résultats connus, le Obama n'a d'ailleurs pas attendu longtemps pour téléphoner à John Boehner, pressenti pour présider la nouvelle Chambre des représentants à majorité républicaine.

Le Président américain lui a dit être impatient de trouver un terrain d'entente avec les républicains pour "faire avancer le pays et faire des choses pour le bien des Américains". Appelant également le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, il lui a transmis le même message.
 

 

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