Bruxelles et le FMI veulent imposer un plan d'aide à Dublin

Malgré ses réticences, Dublin n'a plus le choix, une délégation conjointe d'experts de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI) arrive jeudi pour évaluer avec Dublin les modalités et le calendrier de l'aide à l'Irlande. Bruxelles veut éviter le risque de contagion. Londres est prête à participer.
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Les pressions s'accentuent sur Dublin pour lui faire accepter un plan d'aide européen.

Olli Rehn, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, s'est montré très clair ce mercredi en indiquant que l'Irlande devra se conformer à un programme de l'Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI), même si le soutien est centré sur le secteur bancaire.

"Le secteur bancaire irlandais doit être rendu viable et durable" a indiqué le Commissaire à bruxelles à l'issue de la réunion de l'Ecofin: "une certaine réorgansiation et restructuration sera nécessaire", a-t-il précisé.

Dès jeudi, une mission conjointe d'experts de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du FMI sera présente dans la capitale irlandaise pour évaluer les besoins et les modalités d'un tel plan. Jusqu'à présent, le gouvernement irlandais s'est opposé à une telle aide arguant avoir suffisamment de moyens pour faire face à une situation dégradée de ses finances publiques. Cette année, le déficit public devrait atteindre 32% du PIB, en raison de l'aide massive apportée par l'Etat pour sauver son secteur bancaire, au premier chef, l'Anglo Irisk Bank, qui a absorbé d'ores et déjà 25 milliards d'euros, sans vraiment convaincre les marchés financiers.

"Nous avons besoin d'une demande de l' Irlande pour faire quoi que ce soit. Mais il est clair que nous voulons débuter un processus avec le FMI et la BCE pour voir s'il est nécessaire pour l' Irlande d'introduire une demande d'aide", a expliqué mercredi le ministre belge des Finances Didier Reynders, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE.

"Malgré un large éventail de mesures adoptées par le gouvernement, l'Irlande étant un petit pays et si les problèmes bancaires sont trop grands ["too big" dans le texte...NDLR] pour être gérés par ce petit pays, l'Europe a dit clairement qu'ils aideront et aideront de toutes les manières possibles pour garantir le système" bancaire, déclarait mercredi matin à la radio irlandaise RTE, le ministre des Finances de Dublin, Brian Lenihan.

Londres, ancienne puissance contrôlant l'Irlande, s'est déclarée prête à donner un coup de main aux Irlandais. Il faut dire que les établissements britanniues sont exposés à hauteur de 222 milliards de dollars auprès de l'Irlande et ses banques, soit la plus forte exposition au monde, loin devant les banques américaines.

"L'Irlande est notre plus proche voisin et c'est dans l'intérêt national britannique que l'économie irlandaise soit en bonne santé et ait un secteur bancaire stable" a déclaré le chancelier de l'Echiquier, George Osborne.

Dublin, qui refuse d'être mise sous la tutelle de Bruxelles, à l'instar de la Grèce, et abdiquer ainsi sa souveraineté - une question extrêmement sensible pour le peuple irlandais  -, veut surtout éviter de devoir modifier ses généreux taux d'imposition qui ont fait le succès du « Tigre celtique », en particulier le taux d'imposition sur les bénéfices des sociétés, 12,5%, le plus bas de la zone euro, contre près de 34% en France et entre 30% et 33% en Allemagne.

Mercredi, le ministre des Finances autrichien, Josef Pröll, l'a d'ailleurs explicitement indiqué : « Il va falloir aussi parler de cette question avec le gouvernement irlandais. ». En Autriche le taux d'imposition des sociétés est le double de celui pratiqué dans la verte Irlande... dont le taux est critiqué  depuis longtemps comme concurrence déloyale.


Mais Dublin n'a pas tellement le choix car le risque de contagion - sous la forme d'une envolée des taux d'emprunt sur les marchés obligataires - à d'autres pays fragiles comme le Portugal, et surtout l'Espagne voire l'Italie, fait craindre dans plusieurs capitales européennes que le Fonds européen de stabilité financière d'un montant de 750 milliards d'euros, mis en place après la crise grecque, ne suffise pas à répondre à l'incendie de la dette.
Pour Dublin, il s'agit surtout de discuter du calendrier et des détails de l'application du futur plan.De son côté, Dublin veut présenter,peut-être dès mardi prochain, un nouveau plan d'austérité, sur quatre ans.

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