Selon Ben Bernanke, la Fed soutient la reprise et le dollar

Accusé de dévaloriser le billet vert, le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke explique sa décision d'injecter 600 milliards de dollars dans l'économie américaine.
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Expliquant que la vigueur de la reprise américaine est cruciale pour la santé de l'économie mondiale, le président de la Fed, Ben Bernanke, a défendu jeudi la décision de racheter massivement des emprunts d'Etat face aux critiques qui l'accusent de chercher ainsi à dévaloriser le dollar.

"Le meilleur moyen de continuer de délivrer les fondamentaux économiques solides qui soutiennent la valeur du dollar ainsi que la reprise mondiale passe par des politiques qui mènent à une reprise d'une croissance robuste dans le contexte d'une stabilité des prix aux Etats-Unis", dit le président de la Réserve fédérale américaine selon le texte de son intervention programmée ce vendredi lors d'une conférence organisée à Francfort par la Banque centrale européenne.

Le texte de son discours - premier communiqué public de Bernanke depuis que la Fed a dévoilé le 3 novembre dernier son intention d'injecter 600 milliards de dollars dans l'économie d'ici la mi-2011 en rachetant des bons du Trésor - a été diffusé par la Fed avant la conférence de Francfort.

Ce nouveau programme qualifié d'"assouplissement quantitatif" de la Fed s'est attiré de fortes critiques de la part des partenaires des Etats-Unis qui la soupçonnent de vouloir jouer sur la valeur du dollar et de s'engager sur la voie d'une "dévaluation compétitive" qui ne dirait pas son nom.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, dont le pays est après la Chine le plus gros exportateur mondial, a ainsi estimé que la politique de la Fed n'avait "pas de sens".

Aux Etats-Unis, la décision de la banque centrale fait également débat: des républicains et des économistes l'accusent de semer les graines d'un retour de l'inflation et d'un affaiblissement du dollar et estiment qu'elle détourne la mission de soutien de l'économie qui échoit normalement à la politique budgétaire, donc au pouvoir politique.


Reprise "à deux vitesses"

Mais Bernanke explique que la morosité de la conjoncture, le recul de l'inflation et la persistance d'un taux de chômage frôlant depuis des mois le seuil des 10% ont convaincu les acteurs politiques américains de la nécessité d'agir.

"Sur leur trajectoire économique actuelle, les Etats-Unis courent le risque de voir des millions de salariés au chômage ou sous-employés pendant de nombreuses années", dit-il. "En tant que collectivité, nous devrions trouver cela inacceptable."

Le mandat de la Fed est double: soutenir l'emploi et maintenir l'inflation à des niveaux faibles et constants.

Dans le texte de son intervention, Ben Bernanke estime par ailleurs qu'une politique budgétaire mêlant mesures de soutien à court terme et initiatives de réduction des déficits à plus long terme serait un complément bienvenu de la politique monétaire que mène son institution.

Quant au recul récent du dollar sur le marché des changes, le patron de la Fed juge qu'il traduit un rééquilibrage des choses après la crise de la dette souveraine au printemps dernier en Europe qui avait conduit de nombreux investisseurs à renouer avec le statut de valeur refuge du billet vert.

Il juge aussi que l'ajustement des taux de change est incomplet parce que certains pays émergents empêchent leur devise de s'apprécier. "La sous-évaluation des devises dans les pays excédentaires entravent un ajustement international et provoque des effets d'excédents qui n'existeraient pas si les taux de change reflétaient mieux les fondamentaux du marché", insiste-t-il.

Pour Bernanke, le monde est entré dans une phase de reprise "à deux vitesses": d'un côté, les pays émergents qui retrouvent leurs niveaux de croissance d'avant la crise de 2008-2009; de l'autre, les économies avancées où la croissance tarde à repartir. D'où la nécessité, pour ces dernières, de maintenir des "politiques accommodantes".

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