Irlande : Pas de démission du Premier ministre mais dissolution du Parlement en janvier

Le Premier ministre irlandais Brian Cowen a annoncé que le parlement serait dissolu en janvier, après l'adoption le 7 décembre de la loi sur le budget 2011.
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Repoussant les appels à sa démission, le Premier ministre irlandais Brian Cowen a déclaré lundi qu'il resterait au pouvoir le temps nécessaire pour faire adopter le 7 décembre un budget d'austérité lié au plan de sauvetage UE-FMI, et qu'il dissoudrait le parlement en janvier.

Cowen s'est retrouvé le dos au mur lorsque le Parti des Verts a annoncé qu'il quitterait la coalition après le vote du budget si des élections n'avaient pas lieu en janvier, tandis que les partis d'opposition exigeaient un scrutin anticipé dès avant le budget.

L'intervention du Premier ministre renvoie la balle dans le camp de l'opposition pour ce qui est de faciliter l'adoption de la loi de finances.

Lors d'une conférence de presse, l'ancien ministre des Finances s'est montré résolu à tenir bon dans la perspective du plan de sauvetage de l'Union européenne et du Fonds monétaire international pour l'Irlande, dont on s'attend à ce qu'il dépasse les 80 milliards de dollars.

INTÉRÊT NATIONAL

"Il est des circonstances où l'impératif de servir l'intérêt national transcende les autres considérations, y compris celles d'ordres politique et personnel, et celle-ci en est une", a dit Cowen. "Ces négociations (avec le FMI et l'UE) s'inscrivent dans le contexte des mesures budgétaires qui doivent prendre effet."

"Il est donc de la plus haute importance que le Dail Eireann (parlement) continue à étudier et à rendre effectives les mesures appropriées et que le gouvernement continue à remplir son obligation d'avancer les propositions nécessaires."

L'UE et le FMI ont accepté dimanche de venir en aide à l'Irlande pour qu'elle puisse redresser ses comptes publics et soutenir son secteur bancaire, afin de prévenir une extension de la crise à d'autres pays de la zone euro.

La colère de l'opinion publique face à la gestion de la crise par Dublin a cependant atteint un point d'ébullition. Au début de la semaine dernière, Cowen assurait encore que le gouvernement ne négociait pas de plan de sauvetage.

"Les gens du pays ne lui font pas confiance (...) Je crois que sa crédibilité est en lambeaux et que la chose digne à faire pour Cowen à l'heure actuelle est de démissionner", a affirmé Noel O'Flynn, membre du parti Fianna Fail de Cowen.

Le gouvernement doit dévoiler mercredi les modalités d'un plan d'austérité draconien qui prévoit, après déjà deux années de récession, dix milliards d'euros de baisse des dépenses publiques et cinq milliards de hausses d'impôts.

MISE EN GARDE SYNDICALE

Ce plan devrait comporter une baisse du salaire minimum, de fortes réductions des prestations sociales, la réduction du nombre de fonctionnaires, la création d'un nouvel impôt sur la propriété et une hausse des impôts sur le revenu.

La loi de finances doit être présentée le 7 décembre au Dail. Ce budget est une première étape essentielle du plan d'austérité de quatre ans que le gouvernement a mis au point pour réduire les déficits et tenter d'apaiser les marchés financiers.

Les syndicats, qui organisent une marche anti-austérité le 27 novembre à Dublin, ont prévenu que les mesures budgétaires risquaient de provoquer des troubles sociaux.

Les Verts, partenaires de coalition du Fianna Fail avec six élus, ont annoncé lundi qu'ils soutiendraient le gouvernement jusqu'à l'adoption du budget et la mise en place du plan de sauvetage UE-FMI, mais qu'ils quitteraient la coalition ensuite. Le vote du budget pourrait être retardé du fait que deux élus indépendants dont dépend la coalition au pouvoir ont menacé de retirer leur soutien à Cowen. L'un d'eux, Michael Lowry, a dit qu'il ne voterait pas la loi de finances si les partis d'opposition du Fine Gael et du Labour n'étaient pas associés à son élaboration, ce qui est des plus improbables.

Le chef de file du Labour, Eamon Gilmore, a déclaré lundi que son parti de centre gauche pourrait former un nouveau gouvernement de coalition avec le Fine Gael (centre droit) en cas d'élections anticipées.

La coalition gouvernementale n'a que trois sièges de majorité et devrait, d'après les sondages, ne plus en avoir que deux à l'issue d'un scrutin partiel organisé le 25 novembre.

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