Interrogations autour d'un soutien européen au Portugal

Plusieurs pays membres de la zone euro et la Banque centrale européenne encourageraient le Portugal à solliciter une aide financière, selon le Financial Times Deutschland. Lisbonne dément, la président de la Commission de Bruxelles, José Manuel Barroso, aussi.
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Il est "totalement faux" de dire que le Portugal fait l'objet de pressions européennes pour demander une aide financière, rapporte ce vendredi le quotidien Diario de Noticias, citant une source au bureau du Premier ministre. Lisbonne n'a pas l'intention de recourir à l'aide européenne, ajoute cette source, citée par Reuters. Et une porte-parole du gouvernement a démenti en début de matinée l'article du Financial Times Deutschland.

José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, a abondé dans le même sens, ce vendredi à Paris. "Toute référence à un plan d'aide pour ce pays (le Portugal) n'a été ni demandé ni nous ne lui avons suggeré", a-t-il déclaré devant la presse. "Je crois qu'un des problèmes que nous avons eu récemment, c'est qu'il y a des responsables politiques qui font chaque jour des commentaires au lieu de prendre des décisions", a-t-il ajouté sans préciser quel dirigeant il visait en particulier.

De son côté, Berlin a démenti faire pression sur le Portugal pour qu'il sollicite à son tour une aide internationale, un porte-parole du ministère des Finances affirmant que ce n'était "pas du tout la position de la maison". "Le gouvernement allemand ne fait pression sur personne", a déclaré son porte-parole, Steffen Seibert.

Une majorité des pays de la zone euro et la Banque centrale européenne (BCE) pressent le Portugal de solliciter une aide financière européenne, affirmait pourtant ce vendredi le Financial Times Deutschland. Sans révéler ses sources, le journal explique que ces pressions sur Lisbonne visent à éviter que l'Espagne, cinquième économie d'Europe, ne soit contrainte à faire de même.

"Si le Portugal sollicite le fonds, ce sera bénéfique pour l'Espagne, car le pays est lourdement engagé au Portugal", explique un responsable du ministère allemand des Finances cité par le quotidien.

Le ministère allemand des Finances n'a pu être joint dans l'immédiat au sujet de cet article qui illustre l'inquiétude des membres de la zone euro au sujet d'une possible propagation de la crise financière, malgré la confiance affichée en public.

De nombreux analystes estiment que le Portugal va suivre les pas de la Grèce, aidée financièrement en mai, et de l'Irlande, et solliciter à son tour le Fonds européen de stabilisation financière (FESF). De plus, alors que l'Irlande a été sauvée in extremis,  beaucoup pensent que le Portugal et l'Espagne sont à leur tour sur la sellette.

Selon une enquête réalisée cette semaine par l'agence Reuters, 37 économistes sur les 50 interrogés s'attendent à ce que Lisbonne finisse par demander une aide financière. Une autre étude fait apparaître que l'Espagne inspire bien plus confiance : seuls quatre économistes sur 50 la voient recourir aux financements européens.

Mais les Européens veulent écarter tout risque que cela se produise, parce qu'une aide à l'Espagne pourrait épuiser le filet de sécurité de 750 milliards d'euros constitué par la zone euro, l'Union européenne et le Fonds monétaire international.

Les Européens veulent rassurer

Jeudi, de hauts responsables européens se sont attelés à rassurer les marchés sur la pérennité de la monnaie unique, dont l'avenir fait l'objet de doutes croissants.

Le directeur du FESF, Klaus Regling, a affirmé jeudi qu'il n'y avait "aucun danger" d'éclatement de la zone euro, reconnaissant toutefois que "la situation est grave". La crise financière irlandaise a fortement préoccupé les investisseurs, ce qui s'est traduit par une flambée du coût de l'emprunt souverain de Dublin, mais aussi de Lisbonne et Madrid, dont les économies sont fragilisées.

Le rendement du titre obligataire portugais à dix ans dépassait 7% vendredi matin et celui de l'emprunt espagnol était supérieur à 5%.

L'euro, s'il ne rompt pas, a légèrement plié face au dollar ces dernières semaines, jusqu'à atteindre vendredi un nouveau plus bas en deux mois face au billet vert sur la plateforme EBS, en deçà de 1,3284 dollar.

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