Berlusconi sauve de justesse son gouvernement

Le Cavaliere a remporté le crucial vote de confiance à la Chambre des députés à Rome par 314 voix contre 311. Entre-temps la dette publique italienne reste à des niveaux records, presque autant que le PIB annuel français...
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Inusable Cavaliere. Silvio Berlusconi a remporté à trois voix près le vote de confiance à la Chambre des députés italiens en ce début d'après-midi ce mardi. Malgré la défection des élus proches de l'actuel président de la Chambre, Gianfranco Fini, cofondateur du grand parti de la droite italienne, le Peuple de la Liberté (PDL), le magnat de la télévision a bénéficié de 314 votes en sa faveur. Les opposants au Président du Conseil n'ont réuni que 311 députés, principalement au centre-gauche (Parti démocrate et Italie des valeurs de l'ancien juge Antonio di Pietro) ainsi qu'au centre (UDC).

Ironie de la situation : ce ne sont pas tant les députés du parti de Berlusconi passés du côté de son rival Fini qui lui ont sauvé cette fois-ci la mise mais trois députés élus en 2008 sur les listes de l'opposition du centre-gauche !

Le plus connu et le plus emblématique de ce trio s'appelle Massimo Calearo. Il s'agit de l'ancien chef de la Fédération patronale de la métallurgie. Peu apprécié des syndicats, il s'était pourtant présenté aux législatives sur les listes du Parti démocrate (PD), la grande formation du centre-gauche rassemblant les anciens du Parti Communiste Italien (PCI) et les ex-Démocrates-chrétiens de gauche. L'idée, lancée par le chef du PD de l'époque, Walter Veltroni, était de faire une alliance des"forces productives" allant des syndicalistes aux patrons.

Une initiative qui a fait long feu puisque les dirigeants du parti de gauche ont débarqué Veltroni l'année suivante après son premier échec électoral majeur (aux élections régionales en Sardaigne).

Ainsi Massimo Calearo, dont la famille détient un groupe industriel spécialisé dans les accessoires automobiles, a-t-il tourné casaque pour aujourd'hui soutenir celui qu'il vilipendait encore il y a deux ans...

Si cela illustre bien la faiblesse de l'opposition à Berlusconi, la dépendance du Cavaliere de quelques votes incertains comme ceux-ci est aussi le signe de l'extrême fragilité de son pouvoir.

Sa victoire de ce jour pourrait bien être une victoire à la Pyrrhus : ses alliés de la Ligue du Nord, autour d'Umberto Bossi, pourraient être tentés d'imposer toujours plus leurs idées au Cavaliere, se sachant indispensables à sa majorité.

Et en ces temps d'inquiétude sur les finances publiques de la zone euro, la fragilité du pouvoir dans le Bel Paese n'a rien de rassurant. La Banque d'Italie a d'ailleurs publié ce même jour le niveau de la dette publique du pays en octobre dernier : 1867,398 milliards d'euros, soit presque autant que le Produit Intérieur brut (PIB) français de 2009 et un nouveau record !

La dette italienne représente à elle seule un quart de la dette totale de la zone euro et "la troisième au monde" comme le rappelle périodiquement Silvio Berlusconi.

D'après les prévisions de la Commission européenne, le rapport entre la dette publique et le PIB passera pour l'Italie de 116 % l'an dernier à 119,9 % en 2012. Si ce taux est, après celui de la Grèce (126,8 % en 2009 et 156 % en 2012 !), le plus élevé en Europe, le Japon est débiteur à hauteur de 217,6 % de son PIB.

« Alors que nous avons la troisième dette publique du monde dans une phase de tensions des petits et moyens États européens (...) l'ouverture d'une crise gouvernementale sans solution claire serait une folie politique » avait même lancé Silvio Berlusconi lundi pour obtenir la confiance des députés.

Pour le moment, les taux d'intérêt payés sur les emprunts d'Etat de l'Italie ne se sont pas trop ressentis de la crise politique. Mais Silvio Berlusconi ne devrait pas trop miser sur un vote de confiance durable des marchés en faveur de sa politique de finances publiques.

 

Commentaire 1
à écrit le 15/12/2010 à 7:21
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Les Italiens ont des Pizzas autour de la tête et des pâtes à l'intérieur !!!

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