Un sommet européen sans sujet qui fâche

A l'issue de leur dernier sommet européen de l'année, les vingt-sept chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE ont entériné ce vendredi la décision de rendre permanent à partir de 2013 l'actuel fonds européen de stabilité financière sans en définir les modalités concrètes. Ils s'agissait d'éviter les sujets qui fâchent, pour afficher une parfaite unité. Les marchés financiers sont restés de marbre.
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Le septième Sommet européen des chefs d'Etat, qui s'est tenu à Bruxelles durant deux jours, s'est achevé ce vendredi en laissant un grand nombre de questions sans réponse. A l'issue d'une année noire pour la zone euro, qui aura mis à rude épreuve sa cohérence, les responsables politiques ont voulu afficher leur unité face au risque de contagion de la crise de la dette publique et de la montée générale du scepticisme à l'égard de la zone de la monnaie unique.

"La sortie de l'euro, c'est tout simplement irresponsable et inenvisageable. L'euro, c'est le coeur de la construction européenne. Si l'euro s'écroule, si l'euro devait disparaître, c'est la construction européenne qui serait atteinte structurellement", a estimé le président français Nicolas Sarkozy, à l'issue du sommet, avant de prendre un engagement : "moi, je ne l'accepterai jamais !"

Une garantie de 440 milliards d'euros

Au-delà des déclarations, la seule véritable décision prise par les Vingt-Sept a été la pérennisation à partir de 2013 de l'actuel Fonds européen de stabilité financière (FESF) mis en place en mai, garanti par les membres à hauteur de 440 milliards d'euros, en un mécanisme permanent de stabilité financière, dont il reste encore à fixer les modalités concrètes, en particulier sur le montant de la garantie, la part supportée par les investisseurs privés en cas de restructuration de la dette d'un pays et l'allongement des maturités pour étaler les remboursements des dettes.

Cette décision nécessitera une modification du Traité, sous la forme de l'ajout du paragraphe suivant indiqué dans du communiqué lu par le président du conseil européen Herman Van Rompuy : "les Etats membres dont la monnaie est l'euro peuvent instituer un mécanisme de stabilité qui sera activé si cela est indispensable pour préserver la stabilité de la zone euro dans son ensemble. L'octroi, au titre du mécanisme, de toute assistance financière nécessaire, sera subordonné à une stricte conditionnalité."

Pour les eurobonds, le "nein" l'emporte

En revanche pour ce qui concerne le court terme, les chefs d'Etat sont restés vagues. La solution d'une émission d'"eurobonds" a été soigneusement éludée, et les chefs d'Etat se  sont engagés à augmenter, si nécessaire,  les moyens financiers du FESF pour maintenir la stabilité financière de la zone euro,  mais sans fournir de précisions.

Les responsables politiques espèrent ainsi rassurer les marchés financiers sur leur volonté de défendre la monnaie unique, alors que la situation est loin de s'améliorer pour les maillons faibles de la zone. Après la Grèce en mai, qui a reçu une aide de 110 milliards d'euros, et l'Irlande en novembre, qui a bénéficié d'un plan de 85 milliards d'euros, le Portugal et l'Espagne sont régulièrement cités comme les prochains pays nécessitant un secours financiers pour faire face à leurs besoins.

Mercredi, l'agence Moody's - qui a dégradé ce vendredi de "cinq crans" la dette souveraine irlandaise - avait placé mercredi celle de l'Espagne sous "surveillance négative", souvent l'antichambre à une dégradation.

"La réponse des Européens à ces crises est bien réelle, mais elle est partielle, mal calibrée et source d'incertitude pour l'avenir. Sans solution globale, la perception d'un risque souverain/bancaire élevé va subsister en 2011. On risque donc de connaître des nouvelles poussées de stress et des phases d'accalmie avec, le temps passant et les stratégies de consolidation budgétaire portant leur fruit, un recul de ce risque", analyse Bruno Cavalier, économiste en chef chez Oddo Securities.

Les résultats du sommet ont laissé en effet les marchés financiers de marbre, les taux de rendements des emprunts à 10 ans de l'Irlande, du Portugal et de l'Espagne se tendant légèrement, tandis que l'euro restait stable face au dollar. Les investisseurs n'attendaient pas de grands bouleversements de la réunion, car les problèmes de fond demeurent.

Rien n'est décidé pour une défaillance qui interviendrait avant 2013

"Les marchés ne voient pas l'octroi d'aides de secours aux pays de la zone euro comme une solution au problème sous-jacent, et la Grèce en est une illustration. Comme elle ne peut pas dévaluer sa monnaie, elle doit mener une "dévaluation" interne pour restaurer sa croissance. Ce qui ne peut se faire que par la réduction salariale, ce qui aggrave les problèmes de dette publique à cause d'une croissance faible et ceux de fonds propres pour les banques alors que les défauts s'accentuent", explique Steve Barrow, économiste chez Standard Bank, pour qui la seule issue à cette spirale mortelle, est "de restructurer la dette".

Dans le communiqué lu par le président du conseil européen Herman Van Rompuy à l'issue du sommet, il est spécifié : "Dans le cas peu probable où un pays s'avérerait insolvable, l'Etat membre concerné devra négocier un plan de restructuration global avec ses créanciers privés, dans le respect des pratiques du FMI, afin de revenir à un niveau d'endettement supportable. Si ces mesures permettent d'atteindre cet objectif, le MES (Mécanisme européen de stabilité) pourra fournir une aide en matière de liquidités."

Ce que ne dit pas le texte, c'est quelle sera la marche à suivre si un pays devenait insolvable avant 2013, année de mise en place du MES.

Commentaires 17
à écrit le 18/12/2010 à 14:40
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Les eurosceptiques me font rire ... vive l'euro, vive l'Union ! Il faut aller plus loin et constituer un vrai gouvernement. C'est le seul moyen pour les pays de l'Union de rester devant les BRIC et de maintenir le niveau de vie de chacun de ses citoy...

à écrit le 18/12/2010 à 14:08
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Nous savions que 50% des économies réalisées sur la suppression d'un fonctionnaire sur deux étaient reversées sous forme de prime à ceux-ci. Maintenant c'est 70%, on est vraiment sur la bonne voie !

à écrit le 18/12/2010 à 14:03
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Rester avec l'euro, sortir de l'euro, le problème n'est pas là. C'est les efforts que nous prèts à consentir pour remonter la pente, 30 ans de laxisme , de court terme , de clientèlisme !

à écrit le 18/12/2010 à 10:34
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Le sortie de l'euro non! Même dans le cas où ça serait justifié ( ce qui n'est pas le cas ), je préfère même crever en européen que survivre en simple français. Nous sommes en 2010 et il faut bien l'avouer je me sens plus européen que français.

à écrit le 18/12/2010 à 10:30
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L europe n est pas la solution a la crise il faudra bien trancher dans le vif n en déplaise aux européens convaincus

à écrit le 18/12/2010 à 9:45
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J'ai bien peur que la sortie de l'euro (pas de l'europe) soit la solution pour la France si on ne veux pas 10 ans de chômage de masse et de stagnation des salaires en France, le temps que l'on retrouve une bonne compétitivité avec l'Allemagne. L'abse...

le 18/12/2010 à 14:38
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Pourquoi sortir de l'euro ? Ce serait la pire erreur à faire au contraire : perte de 4 % de notre PIB, augmentation du chômage a plus de 12 % ... Au lieu de faire machine arrière (ce qui n'est pas logique), autant enfin créer un gouvernement europée...

à écrit le 18/12/2010 à 9:19
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Pourquoi continuez vous à appeler ça un SOMMET? Ce n'est pas un évènement international, c'est une réunion du conseil européen. Mettez-vous à la page du traité de Lisbonne!

à écrit le 18/12/2010 à 8:25
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Contrairement à ce qu'affirme M. Sarkozy, la sortie de l'euro est un acte responsable et nécessaire comme l'est le dépôt de bilan d'une entreprise en difficulté. Certes, la sortie de l'euro est l'aveu complet des chefs d'Etat européens actuels, de le...

à écrit le 18/12/2010 à 8:12
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Il y a eu entente également sur la Cote d'Ivoire. Même la Belgiqiue s'est subitement trouvé inspiré pour donner des léçon sur la résolution de la crise ivoirienne par le départ de LB alors que M LETERNE devrait ne plus être là depuis belle lurette. J...

à écrit le 17/12/2010 à 20:44
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Preparez-vous a vous serrer vous la ceinture peuples Grecque, Irlandais, Portuguais, Espagnole et bientot Italien et Francais,pas question d'abandonner l'Euro le grand Sarko l'a dit "moi, je ne l'accepterai jamais" . Et vous peuple Allemand preparez...

à écrit le 17/12/2010 à 19:41
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Soyont simple : " une défaillance qui interviendrait " en 2011 pour la grèce ou l'irlande ou l'espagne, signifierai le chacun pour soit ! Et donc la fin de l'europe dans l'année ! Si l'europe existe encore c'est grace à la solidarité entre les etats...

à écrit le 17/12/2010 à 19:36
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Les politiques sont ils fous ! pourquoi ne pas faire une europe économique, avec comme le recommande JC Trichet une harmonisation des politiques fiscales ? Parce que les etats ne veulent pas se réformer ? Et la France en particulier ? Pour faire l'eu...

à écrit le 17/12/2010 à 18:51
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Depuis le dernier désastre économique et social , trois années d'inerties dans la construction d'une véritable Union Européenne , dans l'empêchement d'un nouveau krach financier et d'une nouvelle crise malgré les promesses de faire antérieures , avec...

le 17/12/2010 à 19:29
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Tout cela est un raccourci ! Il y a d'autres responsables ! Le premier c'est les peuples ! Oui, Oui, j'ai bien dit les citoyens qui n'ont laissé faire les politiques ! Oui, les citoyens ont exigés des politiques sociales qui étaient financierement im...

à écrit le 17/12/2010 à 18:21
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sortir de l europe vite

le 17/12/2010 à 19:21
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Non alors ! Ce serait du suicide ! C'est l'europe qui maintient la france la tete hors de l'eau ! Il faut voir les choses en face : Sans l'europe, la france est au niveau de la grece !

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