Côte d'Ivoire : bras de fer entre Gbagbo et la communauté internationale

Par latribune.fr  |   |  491  mots
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Sourd aux pressions de la France, de l'Europe et des Etats-Unis pour qu'il cède pacifiquement le pouvoir au président élu Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo a exigé le départ des casques bleus de l'ONU et du contingent militaire français "Licorne". L'ONU a refusé.

La situation reste très tendue ce week-end en Côte d'Ivoire où Laurent Gbagbo, le président sortant, refuse de céder aux appels de la communauté internationale pour qu'il reconnaisse sa défaite à l'élection présidentielle. Les Nations-Unis et Paris lui ont demandé vendredi d'abandonner le pouvoir de son plein gré à Alassane Ouattara, faute de quoi il s'exposerait à des sanctions internationales, notamment européennes, et une éventuelle traduction devant la Cour pénale internationale (CPI), selon le président français Nicolas Sarkozy.

Une porte parole du gouvernement Gbagbo a haussé le ton samedi, en exigeant, dans une déclaration lue à la télévision nationale RTI,  "le départ de l'Onuci et de la force Licorne de Côte d'Ivoire", ajoutant que 'L'Onuci a fait preuve d'ingérence grave dans les affaires intérieures" du pays. Dimanche, l'ONU a fait savoir qu'elle refusait catégoriquement.

Samedi, le chef de file des "Jeunes Patriotes", la milice proGbagbo, avait annoncé que ses hommes s'apprêtaient à marcher sur l'hôtel du Golf pour "libérer" cet établissement devenu le QG des partisans du président Ouattara. Alassane Ouattara est retranché dans cet l'hôtel, situé au bord de la lagune Ebrié à Abidjan, sous la protection de militaires des ex-rebelles des Forces nouvelles (FAFN) et des casques bleus de l'Onuci.

Depuis le second tour, le 28 novembre, de l'élection présidentielle, le premier exportateur mondial de cacao compte deux présidents: Alassane Ouattara, proclamé vainqueur par la Commission électorale indépendante et disposant du soutien de la communauté internationale et des voisins de la sous-région, et Laurent Gbagbo, déclaré élu par le Conseil constitutionnel et qui bénéficie de l'appui des chefs de l'armée.

L'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) compte 10.000 casques bleus et policiers depuis la fin de la guerre civile entre 2002 et 2003. La France, ancienne puissance coloniale, agit en soutien avec le dispositif militaire "Licorne" qui compte actuellement environ 950 hommes, essentiellement à Abidjan.

Le conflit a dégénéré ces derniers jours, notamment jeudi lorsque des partisans d'Alassane Ouattara se sont heurtés à Abidjan aux Forces de défense et de sécurité (FDS, loyales à Laurent Gbagbo). On a dénombré 20 morts au moins.

Les Etats-Unis, la France et l'Union européenne menacent de prendre des sanctions contre Laurent Gbagbo, son entourage et leurs familles s'il n'abandonne pas le pouvoir dans les jours qui viennent. Vendredi, un haut responsable du département d'Etat américain avait déclaré à Reuters que Laurent Gbagbo s'était vu offrir l'exil dans un pays africain.

A Paris, la prudence était de mise samedi après les déclarations du camp de Laurent Gbagbo, qui, rappelle-t-on, n'est pas le président reconnu par l'ensemble de la communauté internationale.

Quelque 15.000 ressortissants français vivent en Côte d'Ivoire, une ancienne colonie qui a longtemps été un des plus fidèles alliés de la France en Afrique.