Appelez-les BRICA

L'Afrique du Sud est officiellement invitée à rejoindre le club très fermé des grandes économies émergentes, les "Bric", c'est-à-dire le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine. Les "Brica" pèseront ainsi beaucoup au sein du G20 et au Conseil de sécurité de l'ONU dont ils sont tous les cinq membres cette année.
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Les "Bric" c'est fini. Il ne faut en effet plus parler seulement du Brésil, de la Russie, de l'Inde et de la Chine (les "Bric" donc) comme les principales économies émergentes.

L'Afrique du Sud vient en effet d'être officiellement insérée dans ce club très fermé par les Chinois eux-mêmes. "Le président [chinois] Hu Jintao a envoyé une lettre d'invitation au président Jacob Zuma pour participer au troisième Sommet des chefs d'Etats des Bric qui aura lieu en Chine en 2011", a annoncé ce vendredi dans un communiqué la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Maite Nkoana-Mashabane.

Elle déclare que son homologue chinois lui a formellement indiqué que le groupe des quatre "Bric" ont invité l'Afrique du Sud comme un membre à part entière des "Brics", le "S" évoquant le pays en anglais (South Africa). En français, on devrait dès lors parler de "Brica".

"C'est le plus beau cadeau de Noël jamais fait", se réjouit la ministre sud-africaine.

Ainsi incluse dans le groupe des grands pays émergents de la planète, Pretoria espère augmenter du même coup son poids dans la gouvernance politique et économique mondiale. La chef de la diplomatie sud-africaine rappelle d'ailleurs que "l'Afrique du Sud et les pays Bric ont déjà coopéré et continueront de le faire étroitement dans plusieurs organisations internationales comme les Nations Unies et le G20".

La France exerçant la présidence du G20 jusqu'en novembre prochain, l'Elysée devra donc compter avec un groupe des Brics plus influent encore, et se faisant désormais l'écho aussi du continent africain via sa première économie, celle de l'Afrique du Sud.

RÔLE CLE AU CONSEIL DE SECURITE DE L'ONU

"Nous ne parlons pas qu'au nom de l'Afrique du Sud, nous parlons pour l'Afrique dans son ensemble", a d'ailleurs précisé la ministre des Affaires étrangères sud-africaine. Maite Nkoana-Mashabane souligne aussi que "tous les pays Brics (ou Brica) seront membres du Conseil de sécurité de l'ONU en 2011, soit comme membres permanents (Chine, Russie) ou non permanents (Brésil, Inde et Afrique du Sud), ce qui augure positivement pour des efforts de coopération renforcée sur des enjeux d'un intérêt commun".

Les cinq pays ont donc la clé de plusieurs dossiers qui sont examinés actuellement au conseil de sécurité comme les tensions avec la Corée du Nord ou la situation en Côte d'Ivoire.

Le groupe des Bric a tenu son premier Sommet en juin 2009 en Russie et avait appelé à obtenir un plus grand poids dans les institutions financières internationales et un système monétaire internationale plus diversifié.

Le terme de Bric a en fait été inventé en 2001 par l'économiste Jim O'Neill, de Goldman Sachs, afin de regrouper les quatre pays qui devaient égaler la taille de l'économie américaine d'ici 2020. Entre-temps (c'est-à-dire depuis déjà une éternité : 2005...), Goldman Sachs se concentre plutôt sur les "N-11", Next Eleven, soit les onze pays qui, selon la banque d'affaires américaine, seront les grandes économies mondiales qui rivaliseront comme les Bric le font avec les vieux pays industrialisés du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, France, Italie et Canada).

Ces onze prochaines "vedettes" de l'économie mondiale sont le Bangladesh, l'Egypte, l'Indonésie, l'Iran, la Corée du Sud, le Mexique, le Nigeria, le Pakistan, les Philippines, la Turquie et le Vietnam. Singulièrement l'Afrique du Sud ne fait pas même partie de ce lot.

"L'économie sud-africaine est très petite. Que le pays soit traité comme un Bric ne fait pas grand sens à mon avis", juge Jim O'Neill, dans un entretien à Bloomberg. "Sauf s'il s'agit d'avoir l'Afrique du Sud comme représentante du continent africain", précise-t-il.

Toujours est-il que d'autres banques d'affaires ont délimité d'autres groupes d'économies émergentes prometteuses.

"CIVETS"

Le PDG de la banque britannique HSBC, Michael Geoghegan, met lui en avant les "Civets" qui ont "chacun un avenir très brillant devant eux". Il s'agit de la Colombie, de l'Indonésie, du Vietnam, de l'Egypte, de la Turquie et de ... l'Afrique du Sud ("Civeta" en français). "Chacun de ces pays a une population nombreuse, jeune et croissante et chacun a une économie dynamique et diversifiée et chacun est politiquement relativement stable, précise le patron de HSBC, qui voit dans ces six pays les nations à observer durant la prochaine décennie, les dix ans passés ayant été ceux des "Bric".

"Civets", "Brics" ou autres N-11, l'essentiel est pour tout pays inclus dans cette "short list" de ne jamais se retrouver dans une autre catégorie, infâmante, celle-ci, à l'instar des "Pigs" en Europe. Soit le club des pays au bord de la faillite financière : Portugal, Irlande, Grèce et Espagne ("Pigs" en anglais)...

Commentaires 3
à écrit le 25/12/2010 à 15:19
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Puisque vous avez enfin eu la courtoisie de publier ma précédente remarque, je vais préciser. J'ai allongé le mot BRICA parce que cette association d'états fatigués d'être manipulés par les occidentaux qui se croient tout puissants, veulent initier u...

le 26/12/2010 à 13:28
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J'ai fait une petite erreur que tout le monde aura compris: je voulais écrire: L'Allemagne contrôle déjà, tous les échanges commerciaux de la Russie avec l'Europe, grâce à ses sociétés mixtes...JCM

à écrit le 25/12/2010 à 14:26
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Cela fait trois fois que je vous envoie un commentaire au sujet de ce qui pourrait devenir un BRICAVAA. Puisque nous célébrons Noël, implorez pour que le Saint-Esprit vous tombe sur la tête; car lorsque vous aurez assimiler les réalités il sera trop ...

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