La Chine s'investit de plus en plus en Europe

Une délégation officielle chinoise dirigée par le vice-Premier ministre entame une visite ce mardi en Espagne, qui se poursuivra en Grande-Bretagne et en Allemagne. Outre l'achat de dette publique, Pékin entend renforcer les liens commerciaux et industriels avec l'Europe, et développer ses investissements.
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Les maillons faibles de l'Europe ont un ami de poids : la Chine. Après la Grèce et le Portugal, Pékin courtise Madrid. Avec cette nouvelle année, Pékin innove dans la forme.

En préambule à la visite officielle en Europe de la délégation officielle qu'il dirigera, le vice Premier ministre chinois, Li Keqiang, s'est fendu d'un long texte publié lundi dans les pages "Opinions" du quotidien de Madrid El Pais. L'Espagne sera le premier pays qui recevra la délégation qui se rendra également en Grande-Bretagne du 6 au 9 janvier et en Allemagne du 9 au 12 janvier.

Pékin fait miroiter son potentiel commercial...

Outre l'assaut de politesse et d'amabilité fait au peuple espagnol, Li Kequiang, qui remplacera le Premier ministre Wen Jiabao en 2013, énumère les secteurs d'excellence qui pourraient intéresser la Chine : "le matériel informatique, le tourisme, les services financiers, l'énergie renouvelable, l'agriculture moderne."

En retour, l'ex-empire du milieu Chine peut exciter les convoitises avec un marché gigantesque pour les entrepreneurs espagnols. "Si chacun des 1,3 milliard de Chinois consomme une bouteille d'huile d'olive et se régale d'un verre de vin, la production annuelle de l'Espagne n'y suffira pas. Si chaque année, ne serait-ce qu'un pour cent des Chinois faisait un voyage dans la péninsule ibérique l'ensemble de son parc hôtelier serait rempli tous les jours", argumente Li Keqiang.

... et ses réserves de change

La république populaire, avec des réserves de changes estimées à 2.600 milliards de dollars, a les moyens de mener une ambitieuse et fructueuse politique d'investissement hors de ses frontières, en particulier l'Europe qui représente sa deuxième zone d'exportation pour ses produits. A tel point, que Bruxelles s'en émeut. La semaine dernière, le Commissaire européen à l'Industrie, Antonio Tajani constatait : "Les entreprises chinoises qui en ont les moyens achètent de plus en plus d'entreprises européennes disposant de technologies clefs dans des secteurs importants".

Au-delà de l'investissement, Antonio Tajani y voyait une stratégie politique. En conséquence, il proposait d'établir "une autorité chargée d'examiner les investissements étrangers en Europe", sur le modèle du comité chargé des investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS).

La Grèce et le Portugal déjà conquis

En juin, 14 contrats ont été signés entre la Chine et la Grèce, en particulier dans les infrastructures portuaires, pour un montant de plusieurs milliards d'euros. Par ailleurs, Pékin aurait procédé à des achats de la dette publique du Portugal, qui veut éviter de devoir faire appel au plan de stabilité financière de la zone euro.

Car pour la Grèce, le Portugal ou l'Espagne, qui doivent faire face au poids d'une dette publique et des taux de plus en plus élevés pour se financer sur les marchés, cet afflux de capitaux est vital pour boucler leurs budgets nationaux.

La Chine est prête à explorer avec l'Espagne "les modalités de coopération (...) positives et effectives". "La Chine étant un pays investisseur responsable de long terme sur le marché financier européen, en particulier espagnol, nous avons confiance dans le marché financier d'Espagne, ce qui s'est traduit par de l'achat de sa dette publique, une action que nous poursuivrons à l'avenir", affirme Li Keqiang. La Chine détient déjà quelque 10% de cette dette.
 

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