L'Asie grignote peu à peu des places sur le marché mondial de l'enseignement

Les systèmes éducatifs de l'Inde et de la Chine sont de plus en plus performants. Et progressent dans les classements internationaux.
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Après les conglomérats, les universités. Les pays émergents, en particulier asiatiques, grimpent de plus en plus dans les classements qui donnent régulièrement le poul de l'enseignement supérieur mondial.

Ainsi, dans le classement des MBA publié par le Financial Times le 31 janvier, si les Etats-Unis et l'Europe trustent toujours les premières places, l'UST Business School de Hong Kong pointe au sixième rang - elle était seizième en 2009 - suivie par l'Indian Institut of Management d'Ahmedabad (IIM), nouveau au classement mais déjà au onzième rang, l'Indian School of Business (13ème), la China European International Business School (17ème) ou encore la National University of Singapore School of Business (23ème). Quant au palmarès 2010 des universités et des grandes écoles du Times Higher Education, il place la Chine en 8e position dans son "top 20" des pays. Publiée en décembre, l'étude 2009 Pisa de l'OCDE (mesurant les performances des élèves de quinze ans en lecture, mathématiques et sciences) a vu se hisser en tête de classement Shanghai, Hong-Kong et Taipei. L'Inde fera son entrée dans l'enquête Pisa en 2012.

Implantations françaises

Klaus Schwab, président du World Economic Forum de Davos, expliquait récemment (La Tribune du 26 janvier) l'incidence de l'éducation sur la croissance chinoise : "la Chine a reconnu l'importance de ce secteur pour assurer la croissance de demain. Or comme vous le savez, la concurrence se fait surtout par la matière grise." La matière crise est de fait devenu le nerf de la guerre pour les pays émergents, dont les populations sont jeunes et en croissance. Ces pays ne misent plus seulement sur la production et la consommation mais aussi sur le capital intellectuel et l'innovation. "L'Asie monte en gamme en terme de puissance intellectuelle. Elle investit la recherche fondamentale et la recherche technologique", constate Pierre Tapie, président de la conférence des grandes écoles (CGE).

Comme le note Paul Jacquet, président de la conférence des directeurs d'écoles d'ingénieurs (CDEFI), "d'usine du monde, la Chine est passée au stade de bureau d'étude". Du coup, les écoles de management françaises investissent ses terres. L'école de droit Sorbonne-Assas vient ainsi de s'implanter sur le campus de Singapour de l'Insead. L'Insead a elle lancé un double diplôme avec l'université chinoise de Tsinghua en 2007, l'Essec est présente à Singapour, l'EM Lyon Business School à Shanghai depuis 2007, l'Ecole Centrale à Pekin depuis 2005...

Cette bataille des talents est alimentée par des marchés du travail locaux très dynamiques. Les spécialistes indiens du recrutement évoquent des prévisions sans précédent depuis 2008 voire 2005 dans certains secteurs. Selon Ajit Rangnekar, doyen de l'Indian School of Business cité par le FT Business Education, toutes les multinationales dans le monde veulent travailler avec l'Inde et la Chine, augmentant ainsi le besoin en diplômés de ces pays. Conséquence : les salaires progressent de 10% à 20%, et les perspectives de carrière aussi. Si le salaire moyen d'un jeune diplômé d'une business school cotée se limite encore à 30.000 dollars (22.045 euros), beaucoup d'étudiants peuvent espérer mieux, rapporte le FT. En 2010, la Deutsche Bank à Calcutta a recruté un étudiant de l'IIM à plus de 300.000 dollars annuels...

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