La rue défie le pouvoir algérien

Environ 2.000 manifestants bloqués par des milliers de policiers anti-émeutes sur la place de la Concorde, ont forcé le cordon de sécurité, samedi 12 février vers 11 heures, et commencé à marcher en direction de leur point d'arrivée, la place des Martyrs. Mais ils ont ensuite été violemment réprimés par les forces de l'ordre.
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Malgré un important dispositif, plusieurs centaines de manifestants, réclamant le départ du président Abdelaziz Bouteflika, sont parvenus à rejoindre la place de la Concorde (plus connue sous son ancien nom de place du  1er mai), dans le centre de la capitale, d'où est parti le cortège vers 11h00 heure locale. Ils ont scandé "Bouteflika dehors". Les autorités algériennes ont interdit ce rassemblement. Des affrontements ont d'ailleurs ensuite eu lieu entre les forces de l'ordre et les manifestants réclamant plus de libertés publiques, un changement de gouvernement et des emplois.

Au lendemain de la démission contrainte du président égyptien Hosni Moubarak, un mois après le renversement du dirigeant tunisien Zine ben Ali, de nombreux observateurs se demandent si un autre pays du monde arabe ne va pas à son tour s'enflammer contre le pouvoir en place. Des troubles en Algérie pourraient avoir des conséquences sur l'économie mondiale en raison de son statut de puissance exportatrice de gaz et de pétrole. Beaucoup d'experts doutent toutefois d'un scénario à l'égyptienne ou à la tunisienne car le gouvernement semble disposer des ressources nécessaires, via la manne énergétique, pour répondre à la plupart des revendications.

"Nous sommes prêts pour la manifestation", a déclaré Mohcine Belabbas, secrétaire national du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), parti d'opposition. "ce sera un grand jour pour la démocratie en Algférie".  "Les Algériens doivent être autorisés à s'exprimer librement et à organiser des manifestations pacifiques à Alger et ailleurs", écrit Amnesty International dans un communiqué, qui invite les autorités algériennes à ne pas réagir par une "force excessive". Mais la manifestation ne bénéficie pas de l'appui des principaux syndicats ni des principales formations d'opposition ni encore des organisations islamistes radicales interdites.

Des milliers de policiers déployés

Mais des milliers de policiers étaient déjà déployés dans le centre de la capitale algérienne plusieurs heures avant le début de la manifestation et un hélicoptère de police survolait la zone. Sur la place du 1er-Mai, une dizaine de véhicules des forces de l'ordre avaient été positionnés. De petits véhicules blindés ont été disposés à plusieurs carrefours tandis que des policiers déjà équipés de tenues anti-émeutes se trouvaient devant une station-service située à environ deux kilomètres de la place.

Les autorités disent avoir interdit cette manifestation pour des raisons d'ordre public et non par volonté d'étouffer des voix discordantes. Elles affirment oeuvrer en faveur de la création d'emplois, de la construction de nouveaux logements et de l'amélioration des services publics. Bouteflika a annoncé le 3 février la levée "dans un très proche avenir" de l'état d'urgence en vigueur depuis 1992. Le gouvernement est récemment intervenu pour faire baisser le prix de certaines denrées de base et il a accru les importations de blé.

La manifestation "sera probablement violente mais ne déstabilisera probablement pas le régime", juge Eurasia Group, organisme de consultants sur le risque politique.

 

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