"Nous condamnons fortement le recours à la force contre le peuple libyen. La violation des droits de l'homme et des lois humanitaires internationales est scandaleuse", a déclaré ce lundi, selon l'AFP, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, lors d'un point presse. "Comme stipulé par le Conseil de sécurité des Nations unies, ces attaques généralisées et systématiques contre les populations civiles peuvent être considérées comme des crimes contre l'humanité", a-t-il ajouté.
L'utilisation de blindés et d'avions contre les civils libyens doit inciter la communauté internationale à réagir. "Si (le dirigeant libyen Mouammar) Kadhafi et ses militaires continuent à attaquer la population libyenne de manière systématique, je ne peux imaginer que la communauté internationale et l'Onu restent passives", a-t-il insisté.
Depuis trois semaines en effet, la confrontation armée entre militaires et opposants n'a pas cessé. L'insurrection s'est transformée en véritable guerre urbaine. "Une guerre civile est déjà en cours", estime Arshin Adib-Moghaddam, spécialiste de la Libye à l'Ecole des études orientales et africaines à Londres, interrogé par l'AFP. "Aucune des deux parties ne recule, donc, la probabilité d'une guerre d'usure prolongée est grande", explique-t-il. Et d'ajouter : "l'opposition est sous-équipée en matière de puissance de feu mais combat avec détermination. Il y a des signes que l'opposition adopte désormais des tactiques de guérilla et de harcèlement".
Cependant, a répété Anders Fogh Rasmussen, "l'Otan n'a pas l'intention d'intervenir" en Libye sans mandat de l'Onu. Mais les responsables militaires des pays membres de l'Alliance se préparent à n'importe quelle éventualité. Ainsi, la Libye sera-t-elle à l'ordre du jour de la réunion des ministres de la Défense de l'Otan, prévue jeudi et vendredi à Bruxelles. L'Otan y examinera "la manière dont elle peut aider davantage ses partenaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient durant la période de transition".
Dans une interview à la chaîne de télévision France 24 diffusée lundi matin, Mouammar Kadhafi a accusé la France "d'ingérence" dans les affaires intérieures libyennes, notamment en raison de son soutien aux insurgés de Benghazi, dans l'est du pays. Dimanche à Paris, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero, avait en effet salué, au nom de la France, "la création du Conseil national libyen", instance dirigeante de l'insurrection contre le colonel Kadhafi.
Par ailleurs, l'idée d'une "zone d'exclusion aérienne" au dessus de la Libye, souhaitée par Paris et Londres, fait son chemin mais elle se heurte aux oppositions de ceux qui craignent qu'elle implique des bombardements et qu'elle soit perçue comme un acte de guerre occidental sur le sol arabe. Une intense négociation est engagée à New York au Conseil de sécurité de l'Onu: Paris, Londres et Berlin notamment ont souligné qu'un tel plan n'est réalisable qu'avec une résolution de l'Onu et qu'il doit avoir un large soutien des pays de la région.