L'économie sud-coréenne menacée par la paralysie du Japon

Séoul s'inquiète des conséquences économiques de la catastrophe japonaise. Un quart des composants importés par son industrie proviennent du Japon. Et les ambitions nucléaires sud-coréennes dans le monde pourraient aussi souffrir.
Une usine du constructeur sud-coréen Hyundai

La Corée du Sud suit d'un regard très inquiet les catastrophes qui frappent son voisin japonais. La remarquable croissance (6,1 % en 2010) de la Corée repose pour l'essentiel sur ses exportations, et le gouvernement a déjà convoqué plusieurs réunions de crise afin de déterminer l'impact économique de la tragédie japonaise. Des craintes justifiées : le Japon est le deuxième partenaire commercial de la Corée du Sud. L'archipel représente 6% de ses exportations, et 15% de ses importations.

Le Kospi, principal indice de la bourse de Séoul, reculait ce mardi de 2,4%, atteignant son niveau le plus bas depuis novembre. En particulier, les valeurs des entreprises du secteur de l'électronique et de la sidérurgie chutaient, malgré la possibilité de grignoter des parts de marché à des concurrents japonais en difficulté.

"Les investisseurs s'inquiètent surtout de voir la catastrophe avoir pour conséquence une fuite des fonds japonais du marché sud-coréen, et une baisse des exportations des entreprises locales vers le Japon", explique Lee Jae-man, analyste à Tong Yang Securities, cité par l'agence de presse Yonhap.

Autre sujet d'inquiétude : l'approvisionnement. En 2010, les industries sud-coréennes ont importé du Japon 38,1 milliards de dollars de composants. Un montant qui représente 25,2% du total de pièces industrielles importées, selon l'institut de recherche économique Hyundai.

Alors que le Japon connaît ses premières coupures d'électricité significatives depuis des décennies, l'institut redoute une interruption de la production industrielle japonaise, qui pourrait nuire aux fabricants sud-coréens : en particulier, "les secteurs de la construction automobile, navale et de la sidérurgie doivent se préparer à une aggravation de la situation, même si ils ont constitué des stocks de pièces", précise-t-il.

Renault Samsung, filiale sud-coréenne du constructeur français, fait venir environ 18% de ses pièces du Japon. Contacté par La Tribune, un représentant de l'entreprise se fait cependant rassurant : "nos fournisseurs sont installés loin de la zone sinistrée, et nous avons des stocks en quantité suffisante".

Le séisme japonais pourrait aussi ébranler les ambitions sud-coréennes en matière d'exportation de nucléaire civil. Un secteur sur lequel Séoul fonde de grands espoirs, notamment depuis qu'un consortium sud-coréen a décroché fin 2009 - à la barbe de la France - un contrat de 18,6 milliards de dollars pour la construction de quatre réacteurs aux Emirats arabes unis. La Corée du Sud vise aujourd'hui de nouveaux contrats nucléaires en Turquie, en Jordanie ou en Malaisie.

"L'industrie sud-coréenne de l'énergie nucléaire s'alarme", reconnaît une source du secteur, citée par le quotidien Korea Times. "Nous promouvons nos réacteurs à l'étranger en certifiant qu'ils peuvent résister à de puissants tremblements de terre. [La crise au Japon] est embarrassante."

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