La crise portugaise au centre du sommet de Bruxelles

La perspective d'un plan de sauvetage international du Portugal s'est invitée au sommet européen qui s'est ouvert jeudi à Bruxelles, renvoyant au second plan la réponse "globale" à la crise annoncée depuis plusieurs mois et la révision des termes du plan de sauvetage irlandais.
A gauche, le Premier ministre démissionnaire du Portugal, Jose Socrates discute avec Nicolas Sarkozy et Jose Manuel Barroso, le Président de la Commission européenne Copyright Reuters

Entre 60 et 80 milliards d'euros, c'est le montant de l'aide que pourrait accorder l'Union Européenne au Portugal si son Premier ministre démissionnaire en faisait la demande. Mais il est peu probable que José Socrates en émette le souhait. Le porte-parole du gouvernement portugais Pedro Silva Pereira a redit ce jeudi que Lisbonne ne souhaitait pas faire appel à une aide externe. José Socrates a seulement déclaré que sa priorité était de défendre le Portugal, la monnaie unique et le projet européen. "La seule chose qui me préoccupe c'est de redresser le pays", a-t-il dit aux journalistes à son arrivée à Bruxelles.

Analystes, économistes et responsables européens sont convaincus que Lisbonne devra demander une aide après le rejet mercredi du dernier programme d'économies préparé par le Premier ministre portugais, qui a immédiatement présenté sa démission au président de la République. Ce dernier a décidé de réunir vendredi son premier ministre et le leader de l'opposition avant de décider s'il dissout le Parlement et convoque des élections, une décision qui gèlerait de fait toute demande d'aide pendant 55 jours, le temps minimum prévu pour qu'un nouveau gouvernement s'installe.

Le Portugal doit affronter une conjoncture difficile au cours des prochaines semaines, avec plus de 9 milliards d'euros d'échéances de refinancement de sa dette d'ici le mois de juin, le tout alors que le pays a dit lundi anticiper une nouvelle récession en 2011 et que l'agence de notation Fitch a abaissé sa note souveraine de deux crans. Cette situation a poussé jeudi les responsables européens à intensifier leur pression sur Lisbonne. Il semble exclu que le Portugal puisse revenir sur les engagements en matière de mesures d'économies et de réformes structurelles pris lors du sommet de la zone euro du 11 mars. Jean-Claude Juncker, Angela Merkel ou encore José Manuel Barroso ont insisté sur le caractère "indispensable" des mesures annoncées, même si une négociation à la marge est envisageable, comme pour l'Irlande.

Dublin souhaite renégocier à la baisse les termes de son plan d'aide et discuter d'un soutien additionnel à ses banques mais n'a pas pu encore s'entendre avec ses partenaires européens, qui lui demandent en échange de faire un "geste" sur son avantageuse fiscalité des entreprises. Au-delà de cette question, c'est surtout l'état de santé du secteur bancaire irlandais, actuellement soumis à des "stress tests", qui inquiète et le Premier ministre Enda Kenny a déclaré que les résultats de ces tests de résistance conditionneraient toute décision sur le plan d'aide.

Les situations portugaise et irlandaise sont une ombre importante au tableau de la réponse "globale" à la crise sur laquelle planchent les Européens depuis des mois et qui devait être présentée lors du sommet. Deux autres éléments ont tendu un peu plus les marchés : tout d'abord, selon le texte des conclusions de la réunion, obtenu par Reuters, le relèvement des capacités effectives de prêt du Fonds européen de stabilité financière (FESF) ne sera pas finalisé avant fin juin.

Par ailleurs, l'accord trouvé lundi entre ministres des Finances sur le futur mécanisme européen de stabilité (MES), qui prendra le relais du FESF à partir du 1er juillet 2013, pourrait être révisé à la demande d'Angela Merkel. Enfin, si les Vingt-Sept se sont entendus sur une réforme ambitieuse du Pacte de stabilité et de croissance, sur un "pacte pour l'euro" pour doper la compétitivité européenne et ont lancé une troisième série de "stress tests" bancaires, ces différents dossiers ne seront eux aussi validés que fin juin.
 

Commentaires 2
à écrit le 25/03/2011 à 1:41
Signaler
La loi du plus fort ne profite qu'au plus fort. Il faut donc changer les règles si l'on veut éviter la fin de l'Union Monetaire Européenne.

à écrit le 24/03/2011 à 22:58
Signaler
quatre pays en zone" rouge"..l Espagne ;la Grèce,l Irlande,le Portugal,...Ferguson est en train de gagner la partie car personne ,et ni aucun économiste n est capable d inverser ses prévisions.... attention "out of time" !.....

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.