Le plan de sauvetage de l'Europe menacé par la percée eurosceptique en Finlande

Le Parlement finlandais, à la différence d'autres pays de la zone euro, a le droit de se prononcer sur les demandes de fonds de financement de plans de sauvetage de l'Union européenne. La nouvelle assemblée pourrait donc retarder l'adoption du plan d'aide au Portugal et ajouter à la nervosité des marchés obligataires.
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Le résultat électoral de ce dimanche en Finlande peut-il torpiller les efforts de l'Europe pour sauver la zone en secourant ses maillons faibles, notamment le dernier en date, le Portugal ?

Les électeurs finlandais ont en effet mis du sable dans les rouages du plan européen de renflouement financier du Portugal en confiant dimanche au Parti des Vrais Finlandais, formation populiste et eurosceptique, un rôle crucial au Parlement, peut-être même au gouvernement.

Le parti de Timo Soini, qui dépassait à peine les 4% de voix aux élections de 2007, a multiplié son score par près de cinq et, avec 19% des suffrages exprimés dimanche, talonne désormais le Parti de la Coalition nationale, formation de centre droit arrivé en première position avec 20,4%, et les Sociaux-démocrates (19,1%), selon les résultats des législatives diffusés par la télévision publique YLE.

Le Parlement finlandais, à la différence d'autres pays de la zone euro, a le droit de se prononcer sur les demandes de fonds de financement de plans de sauvetage de l'Union européenne. La nouvelle assemblée pourrait donc retarder l'adoption du plan d'aide au Portugal et ajouter à la nervosité des marchés obligataires.

Timo Soini a du reste fait savoir qu'il voulait modifier les modalités du plan de sauvetage du Portugal, troisième pays de la zone euro, après la Grèce et l'Irlande, à avoir besoin d'un plan de sauvetage. Il est également hostile à une augmentation de la capacité effective du Fonds européen de stabilité financière (FESF).

"Ces mesures, je ne pense pas qu'elles seront maintenues", a-t-il dit à la chaîne YLE. Il a déclaré un peu plus tard à Reuters que son objectif était que la Finlande verse moins d'argent à Bruxelles. "C'est un mauvais accord", a-t-il dit du plan pour le Portugal.

La forte poussée de son parti est une nouvelle manifestation des frustrations dans certains pays riches de la zone euro qui marquent des réticences à régler les factures de leurs partenaires lourdement endettés et affaiblis.

Le score obtenu par les Vrais Finlandais signifie que le parti participera probablement aux discussions sur la composition du futur gouvernement, dont la formation devrait être confiée à la Coalition nationale.

Le Parti du Centre, principale composante du gouvernement sortant, n'a obtenu que 15,8% des suffrages, soit un recul de près de huit points en quatre ans. Le Premier ministre, Mari Kiviniemi, en a tiré les conclusions en déclarant que sa formation ne ferait pas faire partie du prochain gouvernement.

"La place du Parti du Centre lors de la prochaine législature sera dans l'opposition", a-t-elle dit.

DISCUSSIONS DIFFICILES

En faisant campagne contre les plans d'aide à des pays endettés de la zone euro alors que la Finlande se relève de sa propre crise, les Vrais Finlandais ont su toucher une corde sensible parmi l'électorat.

"C'est un vrai 'big bang' dans la vie politique finlandaise, c'est un grand, grand changement. Cela va modifier le contenu des politiques de la Finlande", estime Jan Sundberg, qui enseigne à l'Université d'Helsinki.

Aucun parti n'ayant la majorité au Parlement, les analystes s'attendent à des discussions difficiles avant la formation d'un nouveau gouvernement, sans doute dans la première quinzaine de mai.

Avec la victoire de la Coalition nationale, Jyrki Katainen, ministre des Finances dans la coalition sortante, devrait se voir confier la tâche de former un gouvernement et devenir à 39 ans le prochain Premier ministre.

Dimanche soir, il a minimisé la perspective de voir la Finlande changer d'attitude à l'égard des difficultés européennes. "La Finlande a toujours été un pays attaché à régler des problèmes de manière responsable, pas à en causer. Il s'agit ici d'une cause européenne commune", a-t-il dit.

Il lui faudra néanmoins composer avec les Vrais Finlandais mais aussi avec les Sociaux-démocrates qui, s'ils soutiennent l'Union européenne, sont eux aussi critiques sur le plan d'aide au Portugal.

Olivier Guillemain, Nicole Dupont et Henri-Pierre André pour le service français

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