Espace Schengen : Bruxelles cède aux demandes de Paris, mais impose des conditions

Par Yann-Antony Noghès, à Bruxelles  |   |  314  mots
Copyright Reuters
La Commission européenne a accepté d'envisager la possibilité de rétablir les frontières à l'intérieur de l'espace Schengen, mais seulement sous certaines conditions "exceptionnelles". Une manière de satisfaire les demandes de Nicolas Sarkozy, sans remettre en cause les fondements de l'espace Schengen.

Mise sous pression par la France et l'Italie qui réclamaient une révision des accords de Schengen, la Commission européenne a accepté mercredi d'envisager la possibilité de rétablir temporairement les frontières internes à l'Europe. Mais seulement dans deux cas : lorsqu'un pays chargé de garder une frontière extérieure se révèle "défaillant", et lorsque la pression migratoire est "extraordinaire". Un motif de satisfaction pour Nicolas Sarkozy, qui obtient une victoire diplomatique. Mais elle n'est que partielle car, selon Bruxelles, des contrôles aux frontières ne pourraient être rétablis que dans des "circonstances exceptionnelles", en fonction de conditions "strictes", et ne devraient être décidés qu'au niveau européen.

Une demi-victoire diplomatique pour Nicolas Sarkozy

Or, dans l'esprit de Cecilia Malmström, la commissaire européenne en charge des Affaires intérieures, l'afflux de plus de 20.000 migrants tunisiens auquel Rome et Paris ont été confrontées ne représente en aucun cas "un flux migratoire énorme", en comparaison avec les "650.000 personnes qui ont fui les zones de conflit en Libye" ou les "236.000 demandes d'asile en Europe l'an dernier". En clair, même avec ces aménagements des accords de Schengen, la France n'aurait vraisemblablement pas pu rétablir ses frontières face à l'afflux de migrants tunisiens arrivés par l'Italie.

Manifestant son attachement au principe de libre-circulation, Cecilia Malmström a également insisté sur le danger de créer "une Europe forteresse". Après les vives tensions qui ont vu le jour entre Paris et Rome, la commissaire a appelé à lutter "contre les solutions simplistes et populistes et contre une approche à court terme sur le contrôle des frontières".

Les mesures présentées par la Commission seront discutées le 12 mai à Bruxelles par les ministres européens de l'Intérieur puis seront sur la table des chefs d'Etat et de gouvernement le mois prochain.