La démocratie naissante en Tunisie fait saliver les investisseurs français

La Tunisie nouvel eldorado des investisseurs français ? Oui, mais pas tout de suite. La promesse d'une démocratie stable renforce l'attractivité du pays, qui séduit grâce à sa compétitivité, une main d'œuvre très qualifiée, et sa proximité culturelle avec la France. Mais si la plupart des investisseurs comment à imaginer leur implantation, ils sont suspendus aux résultats des élections du 24 juillet prochain, qui désigneront une assemblée constituante.
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"On va enfin pouvoir faire du business correctement". Comme Eric Labonne, patron de L&L Consultants Associés, une entreprise d'assistance juridique, les investisseurs français voient la Tunisie post-révolution de jasmin d'un nouvel oeil. Depuis la chute du régime de Ben Ali, le 15 janvier dernier, et la constitution d'un gouvernement provisoire qui doit déboucher le 24 juillet sur l'élection d'une Assemblée constituante, la promesse d'une démocratie stable et de réformes économiques favorisant les investissements redonne confiance aux investisseurs français.

Thierry Miremont, directeur de Photowatt, une entreprise française spécialisée dans l'énergie solaire, est bien décidé à profiter du marché en plein boom des énergies renouvelables, un des domaines où la Tunisie fait figure de pays moteur en Afrique. "Le régime de Ben Ali, caractérisé par les passe-droits, l'opacité et la corruption, ne m'inspirait pas du tout confiance, alors que maintenant je veux m'y implanter le plus vite possible", sourit ce chef d'entreprise.

La France, premier investisseur mondial dans le secteur industriel

Avec 800 millions d'euros d'investissements en 2010 selon le ministère des Finances tunisien, la France est le premier investisseur dans le secteur industriel (sauf dans l'énergie) et occupe le troisième rang en valeur derrière les Emirats arabes unis et le Royaume-Uni. Réputée pour la qualité de ses ressources humaines, la Tunisie devrait continuer à attirer les entreprises en quête d'externalisation de leur main d'?uvre. "La proximité des tunisiens avec la culture française et la qualité du personnel sont d'énormes atouts pour nous. La possibilité d'une démocratie stable rend la Tunisie beaucoup plus attractive que d'autres pays comme le Maroc par exemple", explique Asma Aïdi, tunisienne et chef de projet chez Steria, une multinationale en conseil informatique et infogérance.

La perte de compétitivité liée aux augmentations de salaires (10%) depuis la révolution de jasmin ne rebute pas les entreprises déjà implantées dans le pays, comme Alstom. "La situation est un peu difficile mais Alstom est en Tunisie depuis longtemps et ne voit aucune raison de ne pas y être pour longtemps encore", affirme Paul Moneyron, premier vice-président d'Alstom Power Service. L'enjeu pour ces entreprises déjà implantées : récupérer les marchés publics à venir... Ou s'implanter sur les marchés qui vont s'ouvrir grâce à l'arrivée de la démocratie, comme la culture et l'édition. Sous Ben Ali, la censure empêchait la vente de livres jugés subversifs. "La révoltuion a créé un marché énorme à prendre sur les livres. Les livres auparavant interdits vont devenir attirants", se réjouit-on aux éditions Calmann-Levy. L'imparatif : s'installer vite pour éviter que le secteur ne soit "pris d'assaut" par d'autres entreprises. 

"Un paradis économique en devenir"

Les investisseurs français sont donc dans une démarche de prise de contacts, d'évaluation des possibilités. Car si la Tunisie pourrait effectivement devenir l'eldorado des investisseurs, ceux-ci restent suspendus aux résultats des élections du 24 juillet. "Personne n'investira avant les élections car d'une part le gouvernement provisoire n'a pas les moyens de lancer de grands projets, et d'autre part le score des islamistes est source d'inquiétude", explique Vincent Morel, de la société de climatisation Airwell. Les investissement directs étrangers (IDE) dans les secteurs de l'industrie manufacturière et de l'énergie ont connu respectivement une baisse de 23% et de 30,8% sur un an au premier trimestre 2011, à cause de la révolution. Mais  les investisseurs, qui préfèrent être prudents, sont optimistes. "Etant donné l'évolution de la situation, peu de monde pense que les situation sera problématique après les élections, poursuit Vincent Morel. Pour tout le monde, la Tunisie est un paradis économique en devenir".

Commentaires 15
à écrit le 07/05/2011 à 6:40
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Peut-être que ce pays devra bientôt faire face à un afflux important d'immigrés français partis de France pour chercher du travail. Comment seront-ils accueillis, en terme de logement, écoles, droits sociaux, laïcité, représentativité des minorités v...

le 07/05/2011 à 12:39
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Bien vu ! Sinon je suis très enthousiaste au sujet de cette révolution, je souhaite bon courage, et beaucoup de succès, à tous ces peuples (Tunisie, Egypte, et les autres à venir) qui ont eu la force et le courage de se libérer du joug de dictateurs ...

le 07/05/2011 à 23:14
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attention vous venez chez nous avec des salaires exorbitants et vous participez à la cherté de la vie. Croyez moi je suis l'évolution des coûts depuis des années et je constate que notre pouvoir d'achat s'effrite d'année en année.

le 08/05/2011 à 6:55
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Pour un pays qui a perdu sa souveraineté qui est la France, ça m'étonne pas

le 08/05/2011 à 13:01
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Sans doute votre pouvoir d'achat baisse; et il semblerait que ce soit une des causes de la révolte. Ce pouvoir d'achat baisse en grande partie à cause de l'envolée des prix des matières premières, et en particulier alimentaires. Cette envolée des pri...

à écrit le 06/05/2011 à 20:25
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La démocratie naissante en Tunisie ??? Comme si il n'y a pas assez de pays démocratique pour y investir: Bonne example la Bulgarie. Pays de l'Union Européenne avec l'absence de taxe sur le libre echange et la liberté d'entreprendre et d'exporter. Pay...

le 07/05/2011 à 15:39
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Pour justifier aussi les zones franches off shore créées en Tunisie cs dernieres annees grace a l'argent de l'UE et destinées a aider les entreprises europeennes industrielles a delocaliser leur production dans d'excellentes conditions. Merci Bruxell...

à écrit le 06/05/2011 à 18:58
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Bonne nouvelle pour les exploiteurs de tous poils, mais personnellement je pense que le risque politique est extrêmement élevés dans les pays arabes. Les grosses entreprises ne risquent pas grand chose, parce qu'en cas de flop, ce sont les travailleu...

à écrit le 06/05/2011 à 14:50
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Alors que l'on nous rabache à longueur de journée qu'il n'y a plus d'argent dans les caisses de l'état et des entreprises, c'est fou ce que l'on arrive a trouver quand il s'agit d'investir à l'étranger. Si au moins il y avait un retour sur ces inves...

le 06/05/2011 à 15:19
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miboun

le 06/05/2011 à 17:29
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les caisses de l'Etat sont vides .Pour investir les entreprises empruntes. Concernant un bénéfice pour l'emploi ce sera pour vendre les produits fabriqués ailleurs ,tant que l'Etat n'aura pas diminué fortement le coût du travail ,réduit le coût des s...

le 06/05/2011 à 19:01
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@ sauros: au lieu de faire une fixation sur les réductions en tout genre, regarde autour de toi et dis-nous si les pays où les salaires sont faibles et l'admnistration sous-payée (raison pour laquelle il faut graisser la patte du fonctionnaire pour a...

à écrit le 06/05/2011 à 14:03
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@perso : justement parce qu'on leur parle de travail ! ça leur fait peur

à écrit le 06/05/2011 à 13:26
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Tiens mais pourquoi ils fuient ?

à écrit le 06/05/2011 à 13:15
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Les investisseurs français!!?? J'ai toujours l'impression que c'est mon voisin de palier qui va réussir sa vie? Alors que c'est les instigateurs du problème qui aurons tout les bénéfices!

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