Le plan nucléaire d'Angela Merkel critiqué par les Verts et les écologistes

Par Romaric Godin, à Francfort  |   |  352  mots
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Une étude de l'institut indépendant Öko-Institut pointe le risque d'un arrêt brutal des 9 centrales nucléaires qui seront encore en activité en 2021.

Angela Merkel est désormais confrontée à la réalisation pratique de sa décision de sortir en dix ans du nucléaire. Ce vendredi, elle rencontre les ministres présidents des Länder pour esquisser l'application de cette décision avant de présenter lundi son « paquet énergétique » qui sera ensuite soumis au parlement. Or, des résistances commencent à poindre.

Le gouvernement prévoit ainsi de répartir sur les réacteurs les plus récents la production électrique potentielle perdue par les centrales arrêtées dès cette année. Or, selon une étude dévoilée mercredi par l'institut indépendant Öko-Institut, cette disposition pourrait conduire les groupes énergétiques à maintenir les 9 réacteurs encore en service jusqu'à 2021. Il faudra alors fermer 6 de ces réacteurs, puis 3 autres en 2022, et trouver 10.800 MW par an pour compenser cette production.

Selon l'institut, un arrêt si brutal « poserait des problèmes économiques et techniques considérables qui pourraient remettre en cause la date de sortie du nucléaire ». Autrement dit, prise de court, l'Allemagne pourrait dans dix ans décider de reporter ou d'aménager à nouveau la sortie du nucléaire pour éviter le black-out.

Le gouvernement juge qu'il s'agit là de « sottises » et affirme que la durée de vie prévue des réacteurs est la même que celle du projet Schröder dans les années 2000. Mais les Verts, courtisés par la chancelière qui recherche le plus large consensus sur son projet, ont exigé que l'on renonce à répartir la production potentielle des anciens réacteurs sur les plus récents. Les associations Greenpeace et WWF ont aussi réclamé un arrêt progressif des réacteurs. « Ce que Merkel a présenté comme un projet historique se révèle être en réalité un plan bidon », a jugé un responsable de Greenpeace Allemagne, Tobias Münchmeyer.

Attaquée par les écologistes et par les groupes énergétiques (RWE pourrait porter plainte, après E.On), la chancelière va devoir se montrer convaincante pour gagner la bataille politique du nucléaire.