La BCE met en orbite une hausse des taux pour juillet

La Banque centrale européenne relèvera son taux directeur, vraisemblablement d'un quart de point à 1,50 %, en juillet, pour tenter de juguler l'inflation. Elle maintiendra ouvert le robinet des liquidités au système bancaire aussi longtemps que nécessaire.
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La Banque centrale européenne s'en tient à la stratégie qu'elle s'est tracée. Elle va continuer à normaliser la politique monétaire conventionnelle - celle destinée à ancrer les anticipations d'inflation - avant de démanteler les mesures non standard mises en place dans l'urgence pour faire face à la crise - celles qui sont destinées à corriger les dérèglements de marché.

À l'issue de son conseil de jeudi, la BCE a pris soin de ne pas bousculer les marchés. À défaut d'avoir déminé le terrain dans les règles, les sages du conseil ont maintenu le principal taux directeur à 1,25 %. Et ce, en dépit d'une révision en hausse de ses prévisions d'inflation, à 2,5 % - 2,7 % en 2011, et de croissance, à 1,5 % - 2,3 %, dans la zone euro. Mais lors de sa conférence de presse mensuelle, le président Jean-Claude Trichet a montré sa détermination à ne pas laisser s'enraciner les anticipations inflationnistes, détonateur potentiel des effets de seconds tours qu'il redoute tant. C'est dans cette optique qu'il a préannoncé un deuxième tour de vis monétaire pour le 7 juillet, date du prochain conseil de la BCE, après celui opéré en avril, le premier depuis juillet 2008, en se mettant en posture de « forte vigilance », le sésame qui ouvre la porte à une hausse des taux dès le mois suivant. Hausse qui sera vraisemblablement limitée à un quart de point.

Pour que le contrat de la BCE - celui du maintien de la stabilité des prix - soit honoré, il va falloir impérativement faire rentrer l'inflation dans le rang. Depuis décembre, la hausse des prix franchit systématiquement le plafond de 2 % maximum en glissement annuel que la BCE lui assigne. Après une pointe à 2,8 % en avril, elle s'est établie à 2,7 % en mai, et les projections de la BCE ne laissent pas espérer d'amélioration cette année, l'inflation s'alimentant de la flambée des prix des matières premières. Or, la banque centrale de Francfort a besoin de reconstituer une marge de manoeuvre qui permette à la politique de taux de redevenir opérationnelle. À mesure que l'ampleur inédite de la crise amplifiait le cycle de détente des conditions de crédit, qui a culminé en mai 2009 avec l'abaissement du taux directeur de la BCE au plancher historique de 1 %, les taux d'intérêt réels - défalqués de l'inflation - s'enfonçaient en territoire inconnu. Au point de devenir à ce point négatifs que la banque centrale se retrouvait privée de son outil de contrôle des prix.

Intransigeante sur l'inflation, la BCE n'en est pas moins conciliante à l'égard du système bancaire fragilisé de la zone euro : elle a décidé de maintenir le robinet des liquidités ouvert « aussi longtemps que nécessaire », a annoncé, jeudi, Jean-Claude Trichet. Les opérations ordinaires de refinancement à taux fixe et avec allocation illimitée de liquidités resteront en vigueur au moins jusqu'au 11 octobre. Des opérations de refinancement à trois mois, donnant également lieu à allocation illimitée, seront organisées les 27 juillet, 31 août et 28 septembre. À l'instar de celles menées depuis avril, elles se feront à taux révisable, calculé sur la moyenne du taux de refinancement - le taux directeur de la BCE - de la période.

Commentaires 2
à écrit le 14/06/2011 à 10:56
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Ce JCT et un certain nombre d'économistes ne semblent pas arriver à comprendre, c'est la différence entre l'inflation (la situation va bien, l'économie chauffe, les prix augmentent et les salaires suivent) et la montée des prix des matières premières...

le 14/06/2011 à 21:32
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entierement daccord !!! l'inflation est surtout generee par la flambee des mat 1eres donc depend de la consommation des pays emergents....que va faire la chine de la remontee de nos taux si ce n'est acheter de l'euro pour des rendements plus interess...

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