Villes du futur : gare à l'urbanisation à marche forcée

Par Virginie de Kerautem  |   |  395  mots
Ecatepec, un quartier de Mexico - Copyright Reuters
En 2025, les neuf plus grandes villes du monde compteront plus de 20 millions d'habitants chacune. "C'est ingérable", lit-on dans un rapport intitulé "Villes du futur, futur des villes" et remis ce jeudi. Ce rapport propose un certain nombre de pistes pour organiser l'avenir des villes.

L'accélération de l'urbanisme a, sur certains aspects, de quoi faire froid dans le dos. Dans un rapport de 1.000 pages remis ce jeudi et intitulé "Villes du futur, futur des villes", le sénateur PS Jean-Pierre Sueur démarre par ce constat : si les évolutions actuelles se prolongent, il y aura en 2025 quarante villes de 10 à 40 millions d'habitants dans le monde. A ce rythme, le taux d'urbanisation devrait grimper à 65% contre 50% actuellement, soit, souligne le rapport, "20.000 urbains de plus toutes les deux heures et demie!". Pire, 1,5 milliard de personnes vivront dans des bidonvilles, soit un demi million de plus qu'aujourd'hui.

Ce rapport qui s'appuie sur le travail de géographes, d'urbanistes, d'universitaires, de sociologues ou d'architectes, insiste pour que ces préoccupations occupent le débat politique. Exemples de villes à l'appui, le document propose vingt-cinq pistes de réflexion, parmi lesquels la "maîtrise du développement urbain". Et de citer le cas de Mexico comme exemple à ne surtout pas suivre. "Archétype de la monstruopole", elle est, selon le rapport, le fruit d'une "urbanisation à marche forcée et incontrôlée". En un peu plus d'un siècle, sa surface, de 1.600 km2, a été multipliée par presque 60 ! Résultat : elle occupe le premier rang des villes les plus polluées au monde, abrite le plus grand bidonville du monde, et un des plus hauts niveaux de corruption.

Si le nombre de mégapoles semble inéluctable, encor faut-il pouvoir les gérer. Aussi, est-il suggéré d'organiser les villes en "grappes" ou en "réseaux de villes" comme Shanghai. Quant aux bidonvilles, considérée dans le rapport comme "une question cruciale" par le sociologue Julien Damon,  il semble plus judicieux de ne pas les éradiquer mais plutôt les transformer pour les "rendre humains et vivables et peu à peu en faire des quartiers comme les autres".

A l'instar de Barcelone, le document met en avant le fait que "plus la ville est dense, plus elle est écologiste". Ainsi, la ville catalane a beau abriter une population supérieure à celle d'Atlanta en occupant une surface vingt-six fois plus faible, elle utilise dix fois moins d'énergie pour les transports. Surnommée "Mecque de l'urbanisme" dans les années 80, après la chute de la dictature franquiste, Barcelone semble avoir réussi, aux yeux des auteurs, à organiser sa modernisation, notamment grâce aux partenariats public-privé.