L'Egypte renonce aux prêts du FMI et de la Banque mondiale

En prise à des pressions politiques internes, le gouvernement de transition modifie son projet de budget et préfère ne pas solliciter les organisations financières internationales.
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C'est un revirement qui surprend : l'Egypte a annoncé samedi, par la voix de son ministre des Finances, Samir Radwan, qu'elle ne solliciterait finalement de pas de prêt auprès du FMI et de la Banque mondiale. Pourtant le 5 juin dernier un accord avait été signé entre le Caire et le FMI pour un prêt de 3 milliards de dollars, sans conditions explicites posées par le Fonds : une attitude plutôt inhabituelle et que le Caire avait mis en avant. De son côté la Banque mondiale avait proposé une aide de 2,2 milliards de dollars. Le gouvernement de transition en place depuis la chute d'Hosni Moubarak avait fait part à plusieurs reprises du soutien financier qu'il espérait obtenir de la communauté internationale, estimant ses besoins entre 10 et 12 milliards de dollars. De fait, lors du sommet du G8 à Deauville en mai dernier, une enveloppe globale de 40 milliards de dollars avait été annoncée pour appuyer les "printemps arabes".

Mais le gouvernement égyptien a eu plus de mal à convaincre de sa démarche sur le plan intérieur, où les organisations financières internationales ont mauvaise presse pour le soutien financier apporté aux réformes menées par l'ancien régime et qui n'ont pas profité à la grande majorité des Egyptiens. La controverse enflait depuis l'annonce du prêt du FMI quant aux soupçons de conditions exigées par les organisations internationales et le poids de ces dettes pour le budget égyptien dans le futur.

Les inquiétudes de l'armée

Cette semaine plusieurs journaux avaient rapporté les propos de la ministre de la Coopération internationale, Fayza Aboul Naga, une des rares ministres de l'ancien gouvernement encore en place, qui aurait refusé le prêt de la Banque mondiale pour conditions "incompatibles avec les intérêts nationaux égyptiens." La ministre devait démentir le lendemain, et la Banque mondiale confirmer que la demande de prêt était toujours en cours...

Le jour même, un nouveau projet de budget était annoncé par le ministre des Finances. Celui-ci mettant en avant le dialogue mené avec différents représentants politiques et économiques et le souci du Conseil suprême des forces armées, en charge de la transition, que le poids de la dette ne pèse pas trop sur le prochain gouvernement. Résultat : un déficit public ramené à 134 milliards de livres égyptiennes, au lieu de 170 milliards, grâce à des prélèvements fiscaux en hausse et une coupe dans les subventions de l'énergie. Les dépenses publiques devraient être réduites de plus de 27 milliards en tout, mais tous les détails n'ont pas encore été rendus publics, alors que l'exercice budgétaire s'ouvre dans une semaine.

Si le Caire se détourne des aides du FMI et de la Banque mondiale, le financement des pays du Golfe semble être plus facile à accepter politiquement. Interrogé sur les 500 millions de dollars proposés par le Qatar, le ministre des Finances a déclaré : "c'est un cadeau..."

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