La Norvège se lance à la découverte d'un eldorado pétrolier dans l'Arctique

La résolution d'un conflit frontalier entre la Norvège et la Russie ouvre la voie à une nouvelle zone d'exploration des hydrocarbures, au cœur de la mer de Barents, malgré les questions sur l'environnement.
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Disputée depuis près d'un siècle, la frontière maritime entre Norvège et Russie, qui coupe la mer de Barents en deux au sommet de l'Europe, est entrée en vigueur jeudi. Grâce au traité de Mourmansk signé le 15 septembre 2010 entre les deux pays, d'interminables débats liés à la présence probable d'hydrocarbures dans cette zone de 175.000 kilomètre carrés ont pris fin.

Ce vendredi, le Harrier Explorer, un navire destiné à faire des analyses sismiques et affrêté par le ministère norvégien de l'Energie et du Pétrole, part explorer les eaux glacées de la mer de Barents à la recherche d'hydrocarbures. Comme l'Irak, dont les dernières expertises géologiques sérieuses et globales datent des années 1970, ce sous-sol maritime, dont une partie est bloqué par les glaces de novembre à mars, fait partie des zones d'ombre des entrailles du globe.

Selon l'US Geological Survey (USGS), qui fait référence dans le monde pétrolier, la zone Arctique recèlerait 90 milliards de barils de pétrole, soit 15% des barils restant à découvrir, et même un tiers des probables réserves mondiales de gaz.

Un "petit Koweit des glaces"

"Mais sur quoi s'appuient les Américains pour avancer ces chiffres ? On aimerait bien le savoir !", s'interroge Reinhold Fieler, directeur de la stratégie chez Akvaplan Niva, une société de conseil sur les ressources marines localisée à Tromso, dans le nord de la Norvège. L'USGS utilise principalement une méthodologie fondée sur des probabilités géologiques. Les seuls véritables sondages qui pourraient avoir été effectués dateraient de l'époque soviétique.

En attendant, la Norvège, qui invitait fin juin des journalistes dans le nord du pays, n'exclut pas de "découvrir un petit Koweit" sous les glaces. Même si au sein du pays, la recherche et l'exploitation de ces ressources potentielles fait débat. En mai, l'exploitation de gisements de pétrole découverts au large des îles Lofoten, une région touristique et appréciée des oiseaux, a été abandonnée devant l'opposition des organisations écologistes. Mais, "pour la mer de Barents, c'est plus compliqué parce que le pays compte sur ces ressources", reconnaît Gunnar Holdtsen, de l'ONG Naturvernforbundet. Son organisation tente actuellement d'exiger que le pétrole ne soit exploité que lorsque des bouées pouvant contrôler les marées noires seront efficaces dans la région.

Pour l'heure, les dispositifs existants ne sont pas conçus pour les conditions extrêmes de la mer de Barents, où des vagues de plusieurs mètres balaient le plus souvent la surface de l'eau. Sur le gaz en revanche, dont l'impact sur l'environnement est moins catastrophique en cas de fuite, la contestation reste à des niveaux faibles.

"Si la Norvège veut avoir un rôle pertinent en Europe, encore faut-il qu'elle puisse continuer à lui fournir du gaz", explique un membre du conseil d'administration de The North Oil Co, une petite compagnie pétrolière qui a déjà des permis d'exploitation.

Avec la Russie et l'Algérie, le pays est un des trois principaux fournisseurs de gaz naturel à l'Europe, dont elle assure 20% des approvisionnements. Or ces réserves se tarissent. Et sans ressource énergétique, le poids politique et économique de la Norvège risquerait de fondre aussi sûrement que la banquise. Un constat qui risque de s'imposer dans le débat sur la nécessité d'exploiter, ou non, le sous-sol de la mer de Barents.

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